Réunion latino américaine du groupe de travail sur les femmes et les DESC

Date de publication : 
Dimanche, 30 novembre 2014

Du 11 au 13 novembre 2014, plus de 20 femmes activistes d’Amérique latine se sont rassemblées à Mexico pour participer à un atelier sur les droits économiques, sociaux et culturels des femmes. Ces femmes, qui sont des leaders dans la lutte pour les droits humains dans leur pays, ont parlé des violations de ces droits auxquelles les femmes sont confrontées.

Le but de cet atelier, intitulé échanger des expériences et des stratégies afin de continuer à assurer les droits économiques, sociaux et culturels des femmes, était d’ouvrir le dialogue sur le l’utilisation des mécanismes internationaux en matière de droits humains comme outils pour défendre les droits économiques, sociaux et culturels des femmes. Deux conventions, en particulier, ont été explorées : le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). 

La réunion a été organisée par le groupe de travail sur les femmes et les DESC (les droits économiques, sociaux et culturels), une groupe de travail du réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels, et Instituto Simone de Beavoir, avec la collaboration d’Equis : justicia para las mujeres, et le Centro para los derechos del hombre de Tlachinollan.

Pendant les trois jours de l’atelier, les femmes présentes ont discuté les problèmes les plus urgents en lien avec les droits économiques, sociaux et culturels auxquels les femmes doivent faire face en Amérique Latine. Les participantes ont échangé des stratégies avérées pour exiger le respect de ces droits grâce à l’application réussie des lois  internationales et régionales sur les droits humains, ainsi que des campagnes et des stratégies de pledoyer pour le respect des droits.

Ces femmes activistes ont beaucoup apprécié ces espaces de dialogue. Etant donné que le contexte actuel constitue l’une des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées les femmes qui essaient de protéger leurs DESC dans les pays d'Amérique Latine, il est primordial que les organisations et les activistes individuels aient des espaces de ce type pour échanger des stratégies concernant l'utilisation de ces mécanismes internationaux.

Au fur et à mesure des échanges, les participantes ont identifié des problèmes communs à tous les pays en termes d'obstacles au plein exercice des droits humains des femmes. L’économie domestique était l’un de ces problèmes, dans la mesure où il s’agit d’une question clé dans tous les pays. Le rôle des femmes dans leur foyer et leur travail de reproduction devient de plus en plus complexe étant donné qu’en réalité les femmes souffrent d’un manque d'autonomie économique.  Les discussions ont aussi attiré l'attention sur les différentes formes de violence dont sont victimes les femmes, et plus particulièrement comment les conflits armés ont un impact sur les femmes en termes de dépossession des terres ou de violence sexuelles.

De plus, les femmes ont aussi débattu sur le problème de l'accès des femmes à la propriété terrestre en Amérique Latine. Même s'il n'existe pas de lois ou de normes qui empêchent les femmes de bénéficier de ces droits, les participantes ont insisté sur le fait que la réalité est très différente. Au cours de l’Histoire, les femmes n'ont jamais été propriétaires de terres; elles n'ont pas d'acte de propriété en leur possession. Par conséquent, elles ont constamment été vulnérables en termes de vie et permanence sur un territoire.

Elles ont insisté sur les pratiques de privatisation des ressources publiques et  de l’externalisation de leurs exploitations à des compagnies transnationales. Ce phénomène devient de plus en plus urgent, dans la mesure où il cause des déplacements et des expulsions de larges zones au nom d’un soi-disant développement. Il a été discuté que ce scenario affecte les paysannes en particulier, étant donné que l'économie paysanne est marquée par des inégalités, les femmes étant le maillon le plus faible de la chaine de production. Les femmes ont insisté sur le lien qu’il existe entre le territoire, les femmes et leurs droits, étant donné que des droits comme la nourriture, la sécurité, la santé, le logement, la culture ainsi que l'autonomie et le droit à participer à des prises de décision sont menacés quand les femmes n’ont pas accès à une terre ou un territoire.

Toutes les participantes, surtout celles venant de zones rurales et de communautés indigènes, ont dénoncé  les difficultés auxquelles elles sont confrontées quand le moment arrive de participer à des prises de décisions dans différents domaines, tels que la défense du territoire, l’eau, la sécurité alimentaire,  les droits des communes, les connaissances traditionnelles et l’accès à un système juridiques et à un système de justice.

Les femmes ont souligné l’importance d’obtenir justice pour celles qui sont victimes d’une violation de leurs droits humains, mais aussi l’importance d’obtenir une modification des lois, des  mesures et des pratiques, de manière à ce que ces mécanismes protègent et garantissent les droits humains des femmes.

L’atelier a culminé avec une série de directives pour une action commune  et des stratégies pour utiliser les mécanismes internationaux dans le but de garantir les DESC des femmes d’Amérique latine de manière plus fréquente mais aussi d’élargir et de renforcer les luttes menées par les femmes au niveau local, régional et mondial.

Ces directives pour une action incluent des mesures telles que : la documentation et l’impact de cas, la prise en compte des droits de l’homme et l’accent mis sur une égalité véritable dans les procédures mises en place internationalement (Post-2015, Beijing+20, etc.), la formation, la planification de leçons stratégiques, des domaines de collaboration potentiels pour faire avancer les droits humains (en particulier ceux liés au respect des droits fonciers et des droits au logement).

Groupe(s) de Travail : 
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