L’activisme des jeunes au chômage ouvre la voie à de nouvelles politiques économiques en Tunisie

Date de publication : 
Lundi, 26 mars 2018

 

Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a prié instamment le gouvernement tunisien d’adopter un plan de développement intégral pour la région de Gafsa, qui soit respectueux des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux de sa population.

Cet appel à l’action gagne du terrain après près de deux mois de protestations menées par des jeunes au chômage en réaction aux politiques économiques d’austérité dans la région minière de Gafsa. Devenant adultes dans un environnement marqué par des conditions sanitaires précaires, le chômage, le manque d'accès aux services de base et la criminalisation des protestations, ces jeunes réagissent à la pauvreté et à la pollution qui affectent cette région minière depuis des décennies.

Selon le FTDES, les décisions administratives de la région de Gafsa ont déstabilisé les conditions économiques et mis en péril la réalisation des droits humains.  Le droit le plus gravement menacé est le droit fondamental à un travail digne.  


Dans une déclaration rendue publique cette semaine, le FTDES a énuméré les raisons suivantes pour expliquer la déstabilisation de l’économie dans la région de Gafsa :

  • Les sociétés publiques régionales manquent de transparence – plus particulièrement, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a caché au public des décisions concernant la gestion des ressources, ce qui a donné lieu à des relations tendues avec la société et le milieu environnants.
  • Les institutions étatiques, régionales, municipales et autres institutions locales excluent la participation citoyenne, détournent des ressources et fonctionnent par népotisme. 
  • Absence complète de plans de développement régional intégral et durable pour surmonter la situation actuelle et rétablir la confiance dans les institutions publiques.
  • En l’absence d'institutions démocratiques participatives qui fonctionnent, les autorités publiques tirent profit des divisions tribales et ravivent les conflits tribaux.

Compte tenu de la situation à Gafsa, le FTDES exige que les autorités cessent de criminaliser et de persécuter les protestataires – et libèrent les personnes qui ont été injustement détenues – pour entamer un dialogue constructif avec les acteurs de la société civile. En retour, le FTDES exhorte les activistes de cesser de recourir à l’obstruction des activités économiques comme principal moyen d’activisme.

Le FTDES s’est dit préoccupé du fait que les autorités publiques ont retardé la tenue de leurs engagements à promouvoir des projets d'infrastructure, de santé et d'éducation en réponse à ces protestations. Il considère que ces retards constituent une forme de châtiment collectif qui porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyen-ne-s les plus vulnérables et attisent encore les tensions entre le gouvernement et la population qu’il sert.  

 

Lire le communiqué de presse du FTDES sur les mouvements sociaux dans le bassin minier et les problèmes du développement de la région de Gafsa en arabe