Recherche dirigé par les communautés sur l’emprise des entreprises et les droits à la terre, au logement et aux ressources naturelles

Date de publication : 
Mardi, 15 septembre 2020
Premier projet de recherche dirigé par les communautés du Réseau-DESC

Photo: CAOI, Bolivia

Nous sommes fières de lancer le premier projet de recherche dirigé par les communautés du Réseau.

Le projet permettra de réunir sept groupes de base en Afrique subsaharienne, Europe, Asie et Amérique latine qui recueilleront leurs propres données portant sur la question de l’emprise des entreprises sur la prise de décision gouvernementale et de son impact, sous l’angle du genre, sur le droit à la terre, au logement et aux ressources naturelles et utiliseront ces données pour renforcer les activités de campagne et de plaidoyer.

Contexte:

Trop souvent, les données utilisées dans la prise de décisions concernant les priorités de développement, les politiques économiques, l’accès aux ressources, etc. ne reflètent pas les réalités vécues par les populations qui sont directement touchées par ces décisions. Au lieu de cela, les récits publics et les processus décisionnels relatifs aux questions socio-économiques s’appuient sur des « preuves matérielles » élaborées par les détenteurs du pouvoir, comme les États et les entreprises, servant ainsi leurs intérêts.

Nous nous engageons à centrer l’analyse et le leadership des mouvements sociaux et des groupes de base. Nos membres estiment que les groupes et communautés de base sont les porte-parole légitimes et les principaux experts sur les questions qui les concernent, comme les inégalités, l’appauvrissement et l’injustice. C’est pourquoi, en juin, nous avons lancé notre premier projet visant à aider les groupes de base à recueillir et utiliser leurs propres données pour défendre leurs droits à la terre, au logement et aux ressources naturelles contre l’emprise des entreprises, et, ce faisant, à renforcer ainsi le rôle et le leadership des femmes au sein de leurs groupes. Nous avons reçu un total de 12 notes conceptuelles provenant de 11 pays en Asie, Afrique subsaharienne, Amérique latine et Europe et identifié[1] sept groupes avec lesquels nous allons travailler en étroite collaboration au cours des 18 prochains mois. Ces groupes sont les suivants :

Afrique:

> Natural Resource Women Platform, Libéria

> Spaces for Change et Community Alliance against Displacement, Nigéria

Europe:
> Plataforma de Afectados por la Hipoteca et Observatori DESC, Espagne

Asie:

> National Fisheries Solidarity Movement, Sri Lanka

Amérique Latine:

> Consejo de Mujeres Wuxhtaj, Guatemala (membre du Consejo de Pueblos Wuxhtaj)

> Fundación Promocción Humana et des représentants de la Fédération des travailleurs agricoles d'activité primaire (FETAAP), Argentine

> Red Chimpu Warmi, Bolivie (membre de la Coordinadora Andina de Organizaciones Indigenas – CAOI)

 

Chaque groupe a proposé une idée de projet de recherche qui permettrait d’éclairer leurs actions collectives et de renforcer le rôle et le leadership des femmes au sein de leurs mouvements. Les idées de recherche proposées comprennent : l’évaluation de l’impact de l’accaparement des terres par les entreprises (par le biais de l’exploitation minière, des projets d’infrastructure, de l’agroalimentaire) sur l’accès des femmes aux ressources naturelles et aux moyens de subsistance, ainsi que sur l’environnement ; la compréhension du rôle du secteur privé dans les expulsions et les déplacements dans les zones urbaines, qui touchent particulièrement les femmes et influencent les discours et politiques publiques en matière de logement ; et la documentation des violations des droits humains auxquelles sont confrontées les femmes autochtones défenseures de l’environnement afin de renforcer leur leadership et leur participation aux affaires publiques.

Au cours des 18 prochains mois, ces groupes s’engageront dans un processus collectif leur permettant de développer leurs propres méthodologies et outils, d’entreprendre des recherches sur le terrain, d’analyser des données et d’élaborer des stratégies et des résultats de plaidoyer. Les activités du projet comporteront des sessions d’apprentissage et des discussions collectives en ligne, un soutien technique pour chaque groupe à des étapes spécifiques du processus, et (si possible) des visites sur le terrain et des échanges en personne.

En outre, dans la dernière phase de ce projet, les groupes entreprendront une analyse collective de tous les résultats des recherches en vue d’élaborer des revendications communes en faveur d’une gestion plus juste et plus responsable des terres, des logements et des ressources naturelles, qui réponde aux besoins et à la vision de leurs communautés, en particulier des femmes, et renforçant, vraisemblablement, notre plaidoyer et de nos campagnes visant à lutter contre l’emprise des entreprises.

Ce processus est guidé par un groupe consultatif solide et hétérogène composé de membres ayant l’expérience de la recherche dirigée par les communautés, et notamment :

 

> Brian Omala (Hakijamii, Kenya)

> Tom Weerachat, (IAP, Thaïlande),

> Radiatu S Kahnplaye (Green Advocates-NRWP, Libéria)

> Emilie Pradichit (Manushya Foundation, Thaïlande)

> Oscar Pineda (PODER, Mexique)

> Elida Lauris (Terra de Direitos, Brésil)

> Jessica Mayberry (Video Volunteers, Inde)

 

Les membres du groupe consultatif, ainsi que d’autres membres du Réseau ayant une expérience pertinente, travailleront en étroite collaboration avec ces groupes pour fournir un soutien technique dans la conception et la réalisation des recherches, en complément de l’apprentissage entre pairs des mouvements et des communautés.

 

[1] Cette sélection a été effectuée sur la base d’un certain nombre de critères, notamment notre propre capacité à répondre aux besoins du groupe et à apporter une valeur ajoutée à la recherche, l’équilibre régional et la diversité des thèmes couverts, tout en donnant la priorité aux membres du Réseau-DESC.