Appel mondial aux autorités philippines pour qu'elles cessent de criminaliser les défenseur/euse-s des droits humains

Date de publication : 
Mardi, 28 juin 2022

Le Réseau-DESC - Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels est solidaire de Karapatan, - l'Alliance pour l'avancement des droits du peuple - et de leurs alliés GABRIELA - l'Alliance nationale des femmes - et les Rural Missionaries of the Philippines (RMP) face aux accusations de représailles pour parjure portées par le gouvernement philippin à leur encontre.

Les dix défenseur/euse-s des droits humains accusés de parjure sont Elisa Tita Lubi, présidente de Karapatan, Cristina "Tinay" Palabay, secrétaire générale de Karapatan, Roneo Clamor, secrétaire général adjoint de Karapatan, Gabriela Grista Dalena, trésorière de Karapatan, Edita Burgos, Wilfredo Ruazol et Jose Mari Callueng, membres du Conseil national de Karapatan, Gertrudes Ranjo Libang, présidente de GABRIELA, Joan May Salvador, secrétaire général de GABRIELA et Emma Cupin, membre de Rural Missionaries of the Philippines. 

Les accusations de parjure portées contre eux/elles semblent être des représailles suite à une demande de protection contre les menaces et le harcèlement que les trois organisations ont déposée contre des responsables gouvernementaux auprès de la Cour suprême, en mai 2019. En juillet 2019, le conseiller à la sécurité nationale, Hermogenes Esperon Jr, a déposé une plainte contre les trois organisations. La plainte contenait de fausses informations sur l'enregistrement de l'ONG Rural Missionaries of the Philippines, dont l'enregistrement a été révoqué pour défaut de présentation des documents requis. Bien que l'affaire ait été initialement rejetée faute de motif raisonnable et de preuves suffisantes, en février 2020, le procureur de la ville de Quezon, Vimar Barcellano, a accepté une requête de réexamen de l'affaire de parjure. Par conséquent, les dix défenseur/euse-s des droits humains seront jugé-e-s dans les semaines à venir. 

Le harcèlement judiciaire des défenseur/euse-s des droits humains philippins a été largement condamné par la société civile régionale et mondiale. Récemment, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseur/euse-s des droits humains, Mary Lawlor, a exhorté les autorités philippines à "cesser de prendre pour cible les défenseur/euse-s des droits humains et à promouvoir et protéger leur travail".

Le harcèlement judiciaire fait partie des attaques systémiques en cours perpétrées par les plus hautes instances du pays contre Karapatan et le mouvement des droits humains en général. Ces attaques comprennent des menaces, des calomnies, des "étiquetages rouges", la criminalisation et des meurtres.  

Selon Karapatan, depuis le début du mandat du président Duterte en 2016 jusqu'en décembre 2020, les victimes de violations des droits humains liées à la politique comprennent plus de 376 exécutions extrajudiciaires, 488 tentatives de meurtres et 18 disparitions forcées, ainsi que 1 100 personnes arrêtées et détenues illégalement. 297 victimes d'exécutions extrajudiciaires liées à la politique étaient des militant-e-s paysan-ne-s, et 68 des autochtones. 

Solidarité avec les défenseurs des droits humains de Karapatan

Nous demandons aux autorités nationales des Philippines de:

  • Abandonner les accusations de parjure contre Karapatan, GABRIELA et les Rural Missionaries of the Philippines, et mettre fin à la criminalisation du mouvement des droits humains aux Philippines.
  • Assurer l'intégrité physique, mentale et morale des défenseur/euse-s des droits humains aux Philippines, notamment en garantissant la protection des défenseur/euse-s des droits humains faisant l'objet de menaces de mort ou autres, en tenant compte des menaces souvent liées au sexe que reçoivent les défenseuses des droits humains, et en veillant à ce que les besoins particuliers des défenseuses des droits humains soient satisfaits.
  • Mettre fin à la rhétorique hostile et aux campagnes de diffamation des autorités gouvernementales à l'encontre des défenseur/euse-s des droits humains, notamment en mettant fin à “l'étiquetage rouge" des défenseur/euse-s des droits humains.
  • Reconnaître publiquement le travail légitime et essentiel des défenseur/euse-s des droits humains pour faire avancer les droits internationalement reconnus des peuples autochtones, les droits du travail et les droits humains en général, en œuvrant pour des sociétés où les droits économiques, politiques, sociaux, civils, culturels et environnementaux sont une réalité pour tou-te-s.

À propos de Karapatan

Karapatan est une alliance d'organisations, de groupes et d'individus, qui a été créée en 1995 aux Philippines. Leur travail crucial en faveur des droits humains est reconnu au niveau international. En juin 2021, l'organisation américaine Human Rights First leur a décerné le William D. Zabel Human Rights Award for the Advancement of People's Rights, et en décembre 2021, la secrétaire générale de Karapatan, Cristina "Tinay" Palabay, a reçu le prix franco-allemand des droits de l'Homme et de l'État de droit pour sa contribution exceptionnelle aux droits humains. 

Le Réseau-DESC est fier de compter Karapatan parmi ses plus de 280 membres dans le monde. Karapatan joue un rôle important dans le groupe consultatif du système de solidarité du Réseau-DESC, qui soutient les membres du Réseau-DESC qui sont attaqués pour leur travail légitime en faveur des droits humains. 


Passez à l'action! #HandsOffDefenders

Cliquez sur le lien pour dire aux autorités philippines que les défenseurs des droits humains doivent être protégés, et non criminalisés. #HandsOffDefenders

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