Les Endorois explorent les possibilités d’inclure les femmes dans le processus de mise en œuvre concernant les décisions de la CADHP

Date de publication : 
Vendredi, 10 juillet 2015

L’Endorois Welfare Council (EWC) et le groupe de travail sur le litige stratégique du Réseau-DESC, sous la conduite de Dejusticia et de Minority Rights Group International, ont organisé une nouvelle réunion à Nakuru (Kenya) les 4 et 5 juillet 2015. Cette réunion a rassemblé plus de 30 membres des communautés pour discuter tout d’abord de l’état actuel du processus de mise en œuvre concernant la décision de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) sur les Endorois, mais aussi du cadre du processus d’enregistrement dont l’objectif est d’identifier les Endorois, et enfin de  l’inclusion des femmes Endorois dans le processus de mise en œuvre.

Plus de la moitié des personnes participant à la réunion étaient des femmes et la communauté a mené une riche discussion pour explorer les différentes possibilités afin d’inclure les femmes de manière plus efficace dans le processus de mise en œuvre. Parmi certaines recommandations, les femmes Endorois ont demandé au EWC d’inclure deux femmes dans chaque comité du EWC ainsi que dans le Comité du partage des bienfaits du gouvernement, qui inclut la participation des communautés. 

Les membres de la communauté ont aussi identifié les défis dans le processus actuel de mise en œuvre, et ce plus particulièrement en ce qui concerne l’équipe spéciale du gouvernement. L’équipe spéciale n’a pas initié de processus significatif de consultation  de la communauté. Les défis incluaient aussi le cadre d’un processus d’enregistrement transparent et conforme à la législation internationale des droits humains. Des stratégies concernant l’inclusion des femmes et le processus d’enregistrement continueront à être explorées et discutées.

Contexte

Dans les années 1970, le gouvernement du Kenya a expulsé des milliers de familles Endorois de leurs terres aux alentours du lac Bogoria, dans la vallée du Rift, pour créer une réserve touristique. On avait promis aux Endorois, un peuple autochtone, des compensations et des allocations, mais cela n’a jamais été accompli et l’accès de la communauté à sa terre a été limité à la discrétion des autorités de la réserve. Cela a empêché la communauté de pratiquer sa vie pastorale, d’utiliser des sites religieux et de cérémonie, et d’avoir accès aux médecines traditionnelles. Les plaignants (Centre for Minority Rights Development, Kenya and Minority Rights Group International au nom du Endorois Welfare Council) ont soumis cette demande auprès de la Commission africaine des droits de l’homme après l’échec des efforts juridiques nationaux et de l’action, qui n’avaient pas constitué un recours efficace pour les violations alléguées. 

La Commission a estimé que le gouvernement kenyan avait violé les droits des Endorois à une pratique religieuse, à la propriété, à la culture, à disposer gratuitement des ressources naturelles, et au développement, en vertu de la Charte africaine (articles 8, 14, 17, 21 et 22, respectivement). La Commission a indiqué que le fait de ne pas avoir consulté la communauté; la restriction de l’accès à la terre qui s’en est suivi ; et la participation inappropriée dans le processus de développement de la région en vue d’en faire une réserve touristique, constituaient des violations des droits de la communauté d’après la déclaration des Nations Unies sur le droit au développement.  La Commission a aussi estimé que le système de fiducies foncières du gouvernement du Kenya avait violé le droit de propriété des  Endorois. Le système a permis un empiètement progressif sur les terres des Endorois et même s’il prévoyait une compensation, il violait néanmoins les droits de propriété en causant des expulsions forcées. Pour ces violations, la Commission a recommandé que le gouvernement reconnaisse les droits de propriété, rende aux Endorois leurs terres ancestrales, compense leurs pertes et s’assure que les Endorois bénéficient de redevances et de possibilités d’emplois au sein de la réserve.