Promotion de l’action collective pour la réalisation des nouveaux objectifs de l’ensemble du Réseau

Date de publication : 
Mardi, 8 août 2017

Lors de la Réunion de stratégie globale du Réseau DESC tenue en novembre 2016, plus de 140 représentant-e-s des organisations membres – travaillant dans quatre langues – ont défini des objectifs communs à l’ensemble du réseau visant à confronter les systèmes injustes et promouvoir des alternatives transformatrices pour faire valoir les DESC au cours des cinq prochaines années. Depuis lors, plusieurs mesures ont été prises par les groupes de travail et à l'échelle du réseau pour commencer à concrétiser cette vision.  

Les objectifs visant à coordonner et orienter l'action collective de l'ensemble du réseau au cours des cinq prochaines années sont :

  1. Préconiser des alternatives communes par rapport au modèle socio-économique dominant, fondées sur une vision inclusive de la réalisation des droits humains et de la justice environnementale ;
  2. Mettre les DESC au centre des discussions, décisions, structures et pratiques publiques, en intensifiant les stratégies de recherche, de vulgarisation, d’intervention stratégique et de campagne transversales au réseau, en tenant compte des rôles des États, des entreprises et d’autres acteurs ;
  3. Obtenir justice pour les violations systémiques des DESC, visant une responsabilisation, un contrôle, des recours et une mise en œuvre efficaces au moyen d’approches participatives ;
  4. Combattre la répression grandissante, en renforçant la crédibilité et la capacité des défenseur-e-s des droits humains et en faisant le lien entre les représailles et les enjeux fondamentaux relatifs aux DESC ;
  5. Renforcer les liens entre diverses luttes, en mettant en cause les conditions mondiales communes et en mettant au premier plan l’analyse et le leadership des mouvements sociaux ; et
  6. Mettre en pratique une approche intersectionnelle, mettant au premier plan l’analyse sexospécifique et guidée par les communautés qui font face à des formes d’oppression, d’exploitation et de dépossession qui se superposent.  

Pour définir ces objectifs, les membres ont expressément reconnu la nécessité de défendre les DESC dans les zones de conflit armé, de transition d’après-conflit et dans les zones occupées.

Les objectifs répondent à une analyse commune amorcée par le Groupe de travail sur les mouvements sociaux du Réseau sous la forme d'une Charte commune pour la lutte collective (« la Charte »). La Charte relève une série de conditions mondiales auxquelles font face des communautés de toutes les régions, notamment : l’aggravation des inégalités, la paupérisation et la dépossession dans un monde d’abondance, l’emprise des entreprises sur les institutions et décisions gouvernementales, la dégradation de l’environnement et les changements climatiques et le rétrécissement des espaces de défense des droits humains s’accompagnant de la répression grandissante de personnes et d'organisations œuvrant à la défense des droits humains.   Les membres du Réseau DESC ont confirmé l’analyse exprimée dans la Charte, ainsi qu’un appel à l’action collective pour confronter ces conditions, au cours de la Réunion de stratégie globale (15-19 novembre 2016).

Renforçant cet appel au cours des derniers mois, des membres se sont réunis pour faire avancer l’action collective pour faire face aux conditions susmentionnées et générer et mieux faire connaître d’autres modèles et pratiques. 

En juin, le Groupe consultatif du Système de solidarité (SOS) s'est réuni à Bruxelles afin d’apporter des orientations pour la mise en œuvre par le Réseau des quatre objectifs communs, visant particulièrement à combattre la répression grandissante et à renforcer la légitimité des défenseur-e-s des droits humains.   Les membres ont évalué les tendances mondiales touchant les défenseur-e-s des droits humains ainsi que les enjeux particuliers concernant les femmes défenseures ainsi que  certains groupes de militant-e-s, notamment les syndicalistes, les promoteurs et promotrices de la responsabilité des entreprises et les peuples autochtones, qui affrontent de puissants intérêts.  Le Groupe consultatif a convenu que, pour assurer l'efficacité de mesures visant à renforcer la sécurité et la protection des défenseur-e-s des droits humains, il faut  en combattre les causes profondes, notamment les forces économiques et politiques qui perpétuent — et s’alimentent de — la violence à l'égard de ceux et celles qui œuvrent à promouvoir la justice économique, sociale et environnementale.

Pour mettre en pratique l’objectif susmentionné, le Groupe consultatif a conçu un cadre stratégique, qui comporte des mesures réactives aussi bien que proactives.  Les mesures réactives consistent, entre autres, à générer des réponses collectives continues aux menaces/attaques contre des DDH au nom de l'ensemble des membres (notamment des lettres collectives et des pétitions, à renvoyer les dossiers nécessitant un soutien technique, matériel ou logistique aux mécanismes compétents et à mobiliser des actions décentralisées menées par des membres partout dans le monde.  Les mesures proactives viseraient à créer un environnement propice à la défense des droits humains, en favorisant l’apprentissage mutuel et le renforcement des capacités des défenseur-e-s des droits humains et en s’attachant à changer le discours public concernant les défenseur-e-s. Le Groupe consultatif a également encouragé le Réseau à veiller à ce que les efforts visant à renforcer la sécurité, la protection et le bien-être des défenseur-e-s des droits humains soient pris en compte dans tous les domaines de travail thématique. Faisant écho au nouveau plan stratégique du Réseau DESC, le Groupe consultatif a vivement recommandé au secrétariat d'investir davantage dans la capacité de mobilisation des membres et de renforcement de la sécurité et de la protection.  

Autre enjeu mondial commun relevé par la Charte commune pour la lutte collective est celui du phénomène grandissant de « l’emprise des entreprises », selon lequel une élite économique (grandes entreprises) nuit à la réalisation des droits humains et à la durabilité environnementale en exerçant une influence excessive sur les instances décisionnelles et les institutions publiques nationales et internationales. Des communautés du monde entier voient leurs droits fondamentaux bafoués quand les intérêts des entreprises, plutôt que l'intérêt et la participation de la population en général, définissent les politiques, les pratiques et les institutions.   L’emprise des entreprises se produit grâce à l’ingérence dans les lois et politiques, la manipulation des communautés, la diplomatie économique, l'ingérence judiciaire, la privatisation des services de sécurité publique et les pratiques de porte tournante. Pour faire face à cette tendance, des membres du Réseau DESC se réuniront à Mexico à la fin août pour mettre en avant des stratégies collectives visant à combattre l'emprise des entreprises, en prêtant attention à la vulgarisation et à l’établissement d’alliances, à la documentation et à la mobilisation communautaires, aux réformes des modèles législatifs et politiques et aux actions ciblées de campagne et de plaidoyer.  Le Projet de l’emprise des entreprises a été lancé par le Groupe de travail  sur la responsabilité des entreprises et s’emploie maintenant à établir la collaboration entre groupes de travail en vue d'intéresser l'ensemble du Réseau a cette question. 

Conformément au premier objectif, les membres du Groupe de travail sur les politiques économiques du Réseau DESC prévoient se réunir en Tunisie en novembre pour discuter et tirer des enseignements d'alternatives au modèle socio-économique dominant qui soient centrées sur les droits humains.  Ce Groupe de travail et d’autres s’emploient activement à intégrer une analyse sexospécifique et à mettre en œuvre une approche intersectionnelle – le sixième objectif – dans leurs efforts de planification et leurs actions de plaidoyer.  À l'échelle du Réseau, cet effort s'appuie souvent sur l'expertise et l'expérience du Groupe de travail sur les femmes et les DESC, dont la capacité à assurer la direction stratégique dans la réalisation de cet objectif a récemment été renforcée par l'élection de son premier Comité directeur. Dans le but d'atteindre le deuxième objectif, le Secrétariat du Réseau DESC s’emploiera à renforcer sa capacité à mettre les DESC au premier plan des débats publics, vulgariser les analyses communes des membres et faciliter les actions de campagne stratégiques.  Finalement, répondant à un intérêt exprimé par les membres lors de la Réunion de stratégie globale, le Réseau DESC prévoit tenir une série de webinaires au cours du troisième trimestre de l’année, portant sur la question des DESC, et les obligations des acteurs étatiques et non étatiques, dans des situations de conflit et d’après-conflit.

Grâce à ces initiatives et à d'autres initiatives collectives, les membres du Réseau DESC avancent collectivement vers la réalisation des nouveaux objectifs stratégiques du Réseau pour les cinq années à venir et de sa mission qui consiste à « faire des droits humains et de la justice sociale une réalité pour tous et toutes ».