Commémorant la Journée non-liberté et la lutte constante pour la dignité en Afrique du Sud

Date de publication : 
Jeudi, 26 avril 2018

Chaque année le 27 avril, l'Afrique du Sud célèbre la Journée de la liberté pour commémorer la fin du régime de l'apartheid. À cette date en 1994, les premières élections nationales non raciales ont permis la participation de toute personne âgée de plus de 18 ans et de n'importe quelle race.

Le 22 avril, le mouvement social des résidents d'établissements informels de l'Afrique du Sud, Abahlali baseMjondolo Movement, a organisé un rassemblement qui a réuni plus de 5 000 manifestants. Nommée  "Journée de la non-liberté", la manifestation a attiré l' attention sur le manque de liberté dont jouissent des millions de pauvres et les gens de la classe ouvrière et les privilèges qui existent encore pour une petite élite dans la société inégale de l'Afrique du Sud. Dans une déclaration publique, le mouvement a rejeté "toute soi-disant "liberté" sans accès à la terre ; le droit à des villes ; les services de base comme l'eau, l'assainissement et l'électricité ; un logement décent ; une éducation de qualité accessible ; les transports publics abordables et sécurisés, les soins de santé appropriés ; la sécurité dans les rues et dans nos maisons ; et le droit de participer à toutes les prises de décisions qui touchent nos vies et communautés." Aussi longtemps que la majorité noire en Afrique du Sud vivent dans la pauvreté, Abahlali a argumenté, la liberté n'est pas une réalité en Afrique du Sud.

L’adhésion à ce mouvement social n'a cessé de croître au cours des dernières années, dépassant maintenant 50 000 personnes. 60 % d’adhéré du mouvement sont aujourd'hui les femmes, qui représentent un important contingent de leurs dirigeants nationaux et provinciaux. "Tant que la femme n’est pas sécurisée et respectée, que ce soit dans les rues, au travail ou à la maison, nous ne sommes pas libres. Aussi longtemps que les femmes sont exclues de la prise de décisions nous ne sommes pas libres. Nous nous sommes engagés à bâtir le pouvoir des femmes en lutte," a maintenu Abahlali.

En décembre, le parti au pouvoir en Afrique du Sud (Congrès National Africain) a adopté une résolution d'exproprier des terres sans compensation, manifestement pour les redistribuer aux paysans noirs sud-africains sans terre dans de façon à ne pas entraver la croissance économique du pays. En réponse, le porte-parole du mouvement a annoncé le jour de la journée non-liberté sa position sur les questions foncières ; dénonçant le plan d'expropriations qui, soutiennent-ils, privilégierait l'utilisation des terres par les élites de toutes races, engagés dans des activités génératrices de bénéfices tels que l'exploitation minière, l'expansion industrielle, l'exploitation minière et le développement de complexes commerciaux. Abahlali soutient que la terre est un don précieux et doit être partagée également ; pour être utilisée par tous pour vivre, survivre et prospérer. Le Mouvement réclame l’utilisation des terres pour construire des maisons pour les sans-abris et les appauvris, et pour mettre fin aux expulsions forcées et la répression violente des occupations des terres urbaines qui, soutient le mouvement "sont une forme de planification urbaine depuis le bas." La valeur sociale de la terre, affirme Abahlali baseMjondolo, doit dépasser sa valeur commerciale. "La terre", le mouvement affirme dans un récent communiqué, "doit être détenue collectivement et gérée démocratiquement."

Les leaders d’Abahlali ont exprimé leur appréciation à l'appui qu'ils ont reçu des mouvements et des organisations alliés et ont réaffirmé leur engagement à construire l'unité et la solidarité avec d'autres collectivités et mouvements en difficultés.

Rejetant la liberté sans dignité comme ayant aucun sens, Abahlali baseMjondolo s'est engagé à continuer de s'organiser pour promouvoir les droits des personnes appauvries, y compris les habitants des cabanes, les chômeurs, les travailleurs, les citadins et les personnes vivant dans les zones rurales. "Nous continuerons à développer le pouvoir démocratique de l'opprimé depuis le bas", le mouvement a proclamé. "Nous continuerons à bâtir le pouvoir des femmes dans le mouvement démocratique depuis le bas. Nous continuerons à faire des alliances avec d'autres organisations populaires et les luttes en Afrique du Sud et au niveau international pour construire un puissant mouvement démocratique et depuis le bas pour la vraie liberté.

Groupe(s) de Travail : 
Membres associés :