Les conversations mondiales pour promouvoir les DESC dans les situations de conflit et de post-conflit se poursuivent

Date de publication : 
Vendredi, 17 août 2018

 

Au cours de l'année dernière, les membres du Réseau-DESC ont engagé une discussion mondiale sur la manière de promouvoir les droits économiques, sociaux et culturels (DESC) dans les situations de conflit et d'occupation et dans les transitions post-conflit. Une première série de discussions en ligne a eu lieu de décembre 2017 à janvier 2018 entre plus de quinze membres provenant de dix pays différents. Les webinaires visaient à faciliter l'apprentissage mutuel et à approfondir une analyse partagée sur l'importance fondamentale de promouvoir les DESC dans les situations de conflit et de post-conflit, identifier les stratégies utilisées par les membres et envisager des possibilités de travail collectif à l’intersection des DESC et des conflits. Une deuxième série de webinaires organisés en juin et juillet 2018 entre dix-huit membres de dix pays différents ont cherché à approfondir les discussions sur les possibilités de travail collectif entre les membres du Réseau DESC afin de promouvoir le respect et la protection des DESC dans les situations de conflit et de post-conflit.

La nécessité de promouvoir  les DESC dans les situations de conflit et de post-conflit a été exprimée pour la première fois lors de la Réunion de stratégie globale du Réseau-DESC de 2016 (RSG 2016), principalement par des représentants de plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Cet appel à promouvoir le travail collectif sur le plaidoyer des DESC dans les zones de conflit a également été soutenu par des représentants des pays de plusieurs autres régions récemment affectées par des

Au cours des discussions en ligne, les membres ont confirmé l’importance d’appliquer un cadre de DESC dans le traitement des situations de conflit afin de garantir une paix durable et la sécurité humaine, en soulignant qu’une véritable paix sociale et économique ne peut être atteinte sans une réelle justice sociale et économique. Des exemples de la Colombie et de la République démocratique du Congo (RDC) ont démontré que des tensions persistaient malgré l’existence de processus de paix, en raison du non-respect des droits économiques, sociaux et culturels des communautés affectées. Lors de la première série de webinaires, les membres ont soutenu que le travail dans les situations de conflit devrait être fondé sur les principes relatifs aux droits humains, notamment la participation active des communautés affectées et devrait être axé sur les causes structurelles et profondes ayant conduit aux violations continues des DESC et à l’effondrement de la sécurité.

À partir de contributions diverses, plusieurs points potentiels de collaboration sont ressortis de la deuxième série de webinaires. Ceux-ci incluaient la nécessité de développer un récit des droits humains relatifs aux conflits en mettant l'accent sur les droits économiques, sociaux et culturels et leurs intersections avec les conflits. Un tel récit devra identifier les différents acteurs et leurs rôles. Il visera également à autonomiser les communautés affectées et à rechercher une paix durable. En outre, les membres ont constaté le besoin d’exiger plus de responsabilité concernant les violations de DESC dans les situations de conflit, notamment en recourant aux mécanismes des droits humains des Nations Unies.

Les membres ont également convenu que certains enjeux thématiques devaient être abordés lorsqu’il s’agissait de situations de conflit. Les enjeux thématiques ayant été identifiés lors des deux séries de webinaires comprenaient l'accès aux ressources naturelles (dont la terre) et au logement, le droit à la santé, les DESC des femmes et le rôle des entreprises dans les situations de conflit. Par exemple, des membres en Palestine (TPO) ont affirmé la nécessité que les entreprises soient tenues responsables de leur rôle dans les violations des droits humains commises pendant les conflits ou dans les zones affectées par des conflits. Dans les TPO, les membres ont indiqué que les entreprises bénéficiaient du développement des colonies dans les territoires occupés en prenant le contrôle des ressources appartenant au peuple palestinien, qui ne peuvent pas y accéder du fait de l’occupation. D'autres membres ont témoigné du rôle des entreprises dans l'accaparement des terres et le déplacement des populations au nom du développement post-conflit, comme c'est le cas en RDC et au Guatemala. Des membres en Géorgie ont souligné l'importance de se concentrer sur le droit à la santé et ont expliqué que l'accès des femmes à la santé sexuelle et reproductive avait été refusé du fait du conflit. Au Yémen, les populations ont été appauvries par le conflit, qui a eu de graves conséquences sur les moyens de subsistance; notamment pour les filles qui ont de plus en plus été contraintes à des mariages précoces.

Les membres ont également convenu que, pour garantir la responsabilité et les recours en cas de violation des droits économiques et sociaux, il est nécessaire d’avoir une bonne documentation et collecte de données. La nécessité de partager et de développer une expertise en matière de suivi des violations des DESC par les communautés dans les zones affectées par les conflits était un thème prédominant. La nécessité de renforcer la protection des défenseurs des droits humains travaillant dans des situations de conflit et de post-conflit a également été évoquée lors de ces discussions.

Suite à ces conversations initiales avec les membres et à des discussions avec des alliés impliqués dans ces enjeux, les membres développeront des propositions concrètes pour un travail collectif visant à promouvoir les droits humains et la justice sociale pour les communautés vivant dans des situations de conflit et de post-conflit dans le monde entier.