Les femmes endorois mènent la lutte pour les droits fonciers

Date de publication : 
Mercredi, 26 septembre 2018

Du 8 au 11 mai 2018, le Groupe de travail sur les femmes et les DESC et le Groupe de travail en litige stratégique du Réseau DESC ont collaboré avec un de nos membres, le Endorois Welfare Council (EWC), à l’animation d’un atelier sur les principes relatifs aux droits humains et l’organisation à l’intention des dirigeantes endorois au Lac Bogoria, au Kenya. Trente-quatre (34) femmes endorois, dont plusieurs jeunes dirigeantes, de 15 endroits différents y ont participé.

Contexte

Dans les années 1970, le gouvernement du Kenya a expulsé des centaines de familles endorois de leurs terres aux alentours du lac Bogoria pour créer une réserve faunique destinée au tourisme. Après plusieurs années de lutte de la part des Endorois, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) a rendu un jugement sans précédent, reconnaissant que le gouvernement kenyan avait porté atteinte au droit des Endorois à la propriété, à la culture, à la pratique d’une religion, à la libre disposition des ressources naturelles et au développement. La Commission recommandait notamment que le gouvernement reconnaisse les droits de propriété des Endorois, leur restitue leurs terres ancestrales et les indemnise des pertes subies. Depuis lors, EWC, avec l'appui de partenaires, dont des membres du Réseau DESC, a poursuivi ses efforts visant la mise en œuvre de la décision de la Commission africaine.

Suivant les règles et coutumes traditionnelles, les efforts des Endorois pour assurer l’exécution de la décision de la Commission avaient surtout été menés par des hommes. Récemment, avec l’appui de membres du Réseau DESC, la communauté a célébré le leadership grandissant des femmes endorois dans la lutte pour la sauvegarde de leurs droits fonciers.C’est ainsi qu’a eu lieu, en 2016, le premier atelier à l’intention des dirigeantes endorois. L’atelier tenu en 2018 a réuni plusieurs des femmes ayant participé à l’atelier de 2016 pour poursuivre les échanges et le développement de compétences stratégiques entrepris antérieurement.

Conçu comme une formation de formatrices, l’atelier de 2018 visait à appuyer les femmes dans la réalisation de formations ou de dialogues secondaires, ainsi que dans leur rôle d'organisatrices au sein de leur communauté, les aidant à influencer les processus de plaidoyer et de décision en cours en faveur de la mise en œuvre de la décision de la CADHP, et au-delà. À un niveau plus général, l'objectif était de faire en sorte que les femmes soient mieux outillées pour plaider auprès des divers paliers de gouvernement et revendiquer leur droit à l'éducation, aux soins de santé, à l'eau et à l’assainissement, entre autres. Cet atelier visait également à créer un réseau de soutien entre les nouvelles dirigeantes et à établir des liens solides avec les autres membres et alliés du Réseau DESC au Kenya.

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Endorois Women Leaders at Lake Bogoria

Aperçu

L’atelier portait notamment sur les grands thèmes suivants : histoire de la lutte des Endorois et état actuel de la mise en œuvre, leadership et participation politique, sociale et économique des femmes, aperçu général du cadre constitutionnel et des droits humains, protection des femmes défenseures des droits humains et connaissance des stratégies de plaidoyer en faveur des droits humains.Des séances techniques ont permis d’aborder des questions concernant le partage des revenus, ainsi que l’enregistrement des communautés et des terres communales.

EWC, d’autres membres du Réseau DESC du Kenya, dont la Commissiondes droits humains du Kenya et Hakijaami, et des alliés, dont la Coalition nationale des défenseurs des droits humains du Kenyaet le Samburu Women’s Trust ont contribué à animer et à guider la formation des formatrices. James Kimaru, garde-chasse du lac Bogoria et le commissaire Chivusia de la Commission nationale des droits humains du Kenya ont mené des séances concernant les obligations du gouvernement et le dialogue avec les divers paliers de gouvernement.

L’atelier comprenait des formations concernant des questions techniques et le développement de compétences, des discussions stratégiques dynamiques et l’élaboration de revendications inclusives au sujet des droits humains et du partage du leadership. C’est avec vigueur que les femmes présentes ont formulé leur vision pour leur communauté et tracé la voie à suivre concernant la lutte en cours pour la terre et les ressources naturelles.Elles se sont aussi montrées très solidaires des luttes personnelles des unes et des autres.

La dernière journée de l'atelier, les participantes ont élaboré collectivement et adopté par vote des résolutions à présenter à huit des principaux dirigeants endorois, dont des membres du conseil d’administration de la EWC et des anciens des communautés, qui ont assisté à l’atelier plus tard cet après-midi-là. Sept de ces dirigeants étaient des homme et une était une femme.Les résolutions ont été présentées par une jeune dirigeante, qui a fait référence à la règle des 2/3 de représentation des sexes établie par la constitution kenyane (pas plus de deux tiers des membres des instances constituées par voie d’élection ou de nomination ne doivent être du même sexe) afin de renforcer les résolutions concernant la participation des femmes à la vie politique de la communauté.Les résolutions étaient essentiellement axées sur l’égalité entre les sexes, mettant l'accent sur la participation et le leadership dans les principaux comités et processus décisionnels, la propriété foncière, le développement économique, le renforcement des capacités, le partage des bénéfices et l’accès à l’information. (Toutes les résolutions sont accessibles ici, en anglais.)Les membres du conseil d’administration et les autres dirigeants clés ont accepté les résolutions et se sont engagés à en appuyer la mise en œuvre concrète. Maria Kiptui, la représentante au conseil s’est prononcée avec force en faveur du leadership des femmes.

L’atelier s’est terminé par une belle cérémonie traditionnelle organisée par les femmes endorois, ainsi que par des engagements concrets à assurer l’égalité entre les sexes au moyen d’un leadership partagé dans la lutte endorois visant la mise en œuvre de la décision de la CADHP et la réalisation de leurs droits fondamentaux.

Pour en savoir plus 

Regardez 

Diaporama de l’atelier