L’exploitation économique des détenus par l’Égypte

Date de publication : 
Mardi, 9 octobre 2018

L'Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) a publié un rapport sur l'intensification de la commercialisation de la vie carcérale. Le rapport « For Sale in the Prison Canteen « Aqrab »Prison » illustre comment les besoins fondamentaux des détenus, qui par loi devraient être fournis par les autorités pénitentiaires, sont vendus à des prix exorbitants pour le bien des bénéfices de la cantine.

Le rapport porte principalement sur une prison en Égypte, la prison « Aqrab » (scorpion), qui est une prison à sécurité maximale connue pour ses abus et ses violations des droits humains. Selon l’EIPR, l’accent mis sur la prison d’Aqrab, cherche à mettre en évidence les tendances du système carcéral égyptien, tout en soulignant l’exploitation économique des détenus à Aqrab.

Le rapport se divise en trois chapitres. Le premier concerne les politiques économiques de l’Égypte, influencées par un prêt du Fonds monétaire international (FMI), et leur impact économique sur la vie en milieu carcéral. Ce chapitre retrace l’histoire locale et mondiale de l’austérité dans les prisons et explique la marinière dont les détenus et leurs familles ont vécu la grave inflation provoquée par le prêt du FMI, en plaçant cela dans le contexte historique des mesures d’austérité. Le deuxième chapitre est consacré aux tendances générales des abus dans le milieu carcéral. Le troisième et dernier chapitre affirme que l'exploitation économique se déroulant dans la prison est une autre forme d’abus subie par les détenus et perpétrée par les autorités pénitentiaires. L’EIPR constate que ces tendances constituent une incitation intentionnelle à la pauvreté par le ministère de l'intérieur contre la population de la prison d'Aqrab.

En conclusion, le rapport formule plusieurs recommandations, notamment :

  • Le ministère de l'intérieur doit veiller à ce que les établissements pénitentiaires appliquent ses règlements qui régissent de manière détaillée le contenu et les proportions des repas que les détenus ont le droit de recevoir gratuitement afin de garantir aux personnes incarcérées une alimentation saine et de l'eau potable ;

  • L’administration pénitentiaire doit fournir à tous les détenus un minimum de literie, de vêtements et de produits d’hygiène personnelle, conformément à la loi ;

  • Le ministère de l'intérieur doit modifier le décret 468/2017 pour préciser que les prix des articles vendus à la cantine et / ou à la cafétéria de la prison, où les détenus peuvent recourir afin de compléter la nourriture fournie par la prison, ne doivent pas excéder abusivement le prix du marché et pour exiger que ces prix soient divulgués  chaque mois sur leur site Web par le ministère, sur demande, et lors de toutes les visites d'inspection effectuées par les procureurs et le Conseil national des droits de l'homme ;

  • Le Parlement doit modifier les lois sur l'organisation des établissements pénitentiaires pour préciser que les administrations pénitentiaires ne peuvent pas interdire aux proches lors des visites d’apporter de la nourriture, des vêtements ou des articles médicaux pouvant être vendus à la cantine et pour établir exactement ce qui peut ou ne peut pas être livré lors des visites ;

  • Le procureur général doit s'acquitter de son devoir d'inspecter les prisons au moins une fois par mois, et doit enquêter minutieusement et sérieusement leurs conclusions et les rendre publiques ;

  • Le Parlement doit adopter une modification de la loi 94 de 2003 réglementant le Conseil national des droits de l'homme, qui permettra à ce dernier d'effectuer des visites inopinées dans les lieux de détention, d'intervenir dans des procès et de porter plainte au ministère public ;

 

Pour plus d'informations sur le rapport, veuillez consulter le lien suivant: https://eipr.org/en/publications/sale-prison-canteen-%E2%80%9Caqrab%E2%80%9D-prison