Le pouvoir des dirigeantes dans les luttes pour la terre, le logement et les ressources naturelles

Date de publication : 
Mercredi, 26 septembre 2018

Du 14 au 16 mai 2018, dix-huit dirigeantes de dix pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine se sont rassemblées pour un échange stratégique concernant le leadership des femmes dans les luttes pour promouvoir la terre, le logement et les ressources naturelles. L’échange, qui a eu lieu à Nairobi, au Kenya, visait à soutenir l’apprentissage mutuel, le partage d’expériences et la solidarité entre les dirigeantes de base et à renforcer leur visibilité en tant qu’actrices indispensables dans l’édification de luttes efficaces et inclusives pour les droits humains. La réunion faisait suite à un atelier sur les principes des droits humains et à l’organisation pour les dirigeantes autochtones endorois au lac Bogoria, au Kenya, au début du mois.

Parmi les membres ayant participé à cet échange se trouvaient: Abahlali baseMjondolo, Ogiek Peoples' Development Program, Organización Fraternal Negra Hondureña (OFRANEH), Asia Indigenous Peoples Pact, Endorois Welfare Council, Consejo de Pueblos Wuxhtaj, World Forum of Fisher Peoples (WFFP), National Fisheries Solidarity Organization (NAFSO), Posco Pratirodh Sangram Samiti, et Movimiento Unificado Francisco Sánchez-1932 (MUFRAS-32) ainsi que la Mano Basin Women's Natural Resources Platform, qui a demandé à adhérer au réseau. Cette réunion a été élaborée par le groupe de travail sur les mouvements sociaux et le groupe de travail sur les femmes et les DESC et une session a été animée par Just Associates (JASS).

Les droits humains liés à la terre, au logement et aux ressources naturelles sont depuis longtemps au cœur du travail collectif coordonné du Réseau-DESC, et environ la moitié de nos membres travaillent sur ces questions. Renforcer le leadership des mouvements sociaux et des organisations de base, notamment des femmes de base, dans les luttes pour la terre, le logement et les ressources naturelles a été une priorité stratégique renforcée au cours d'une réunion stratégique sur la terre, le logement et les ressources naturelles qui a eu lieu à New York, du 10 au 11 mars 2018. Cette réunion a mis en lumière les impacts différents et disproportionnés des violations des droits à la terre, au logement et aux ressources naturelles sur les femmes, ainsi que le leadership crucial des femmes dans les luttes de résistance.

Les connexions entre les luttes concernant les expériences des dirigeantes

Les participantes, en partageant des témoignages éloquents sur leurs luttes de mouvements sociaux et en rappelant leurs expériences en tant que dirigeantes, ont identifié des connexions entre leurs propres expériences et celles de leurs collègues dirigeantes. Les débats ont porté sur la nécessité d’accroître la participation des femmes aux processus de prise de décisions, de mettre en œuvre les normes de droits humains internationalement reconnues et de surmonter les obstacles structurels et juridiques à la propriété et à l’accès des femmes à la terre. « Nous sommes un pourcentage considérable à la base, mais pas au niveau de la prise de décision », a déclaré une participante, soulignant le pouvoir de la solidarité entre les femmes face à ces défis.

Les participantes ont également discuté des manières dont les stéréotypes sexospécifiques ont tendance à rendre leurs contributions à la lutte invisibles ou moins valorisées, par rapport aux contributions de leurs homologues masculins. Parmi les façons dont les stéréotypes minent le leadership des femmes, les participantes ont examiné les manières dont sont utilisés les antécédents sexuels, le niveau d’éducation ou le statut matrimonial des femmes pour discréditer les femmes et favoriser la concurrence entre les dirigeantes. La reconnaissance des agressions physiques et verbales ou des menaces dirigées contre les dirigeantes a souligné l’importance des mesures de protection et de sécurité pour les femmes défenseurs des droits humains. "Nous luttons contre des acteurs puissants", a affirmé une participante au cours d'une session sur la sécurité et l'autogestion des femmes activistes animée par Just Associates. Cette session a porté sur les façons dont la discrimination exacerbe la vulnérabilité des femmes à des représailles lorsqu’elles assument le leadership dans leurs luttes, et l'importance cruciale de l'autogestion dans ce contexte.

La discussion a également souligné l'importance stratégique d'avoir des alliés parmi les hommes, reconnaissant que l'égalité des sexes concerne aussi bien les hommes que les femmes. Le rôle essentiel de la jeunesse pour garantir le dialogue intergénérationnel et la continuité des luttes des mouvements sociaux a également été abordé. Les participantes ont souligné l'importance de la sensibilisation, de la formation et d'autres mesures pour favoriser la participation, la visibilité et le leadership des jeunes et, notamment des jeunes femmes, au sein des mouvements sociaux.

Propositions pour le travail collectif en cours

La session finale de l’atelier était consacrée aux idées concernant l’avenir du travail collectif entre les membres du Réseau-DESC pour soutenir le leadership des femmes dans les luttes des mouvements sociaux relatives à la terre, au logement et aux ressources naturelles. Parmi les principales idées exposées, figuraient la facilitation des échanges continus concernant les meilleures pratiques et stratégies par le biais des médias sociaux et le renforcement des réseaux et des alliances au niveau national.

Les participantes ont également suggéré un travail collectif pour promouvoir le renforcement des capacités des femmes et des jeunes de base en matière d'éducation politique et de mise en œuvre des principes des droits humains dans la pratique. Des échanges similaires de dirigeantes de base à l’avenir ont également été proposés, de même que des efforts collectifs pour documenter les violations des droits humains contre les femmes qui sont liées à la terre, au logement et aux ressources naturelles. Parmi les autres mesures recommandées figuraient des actions visant à rendre visibles les contributions des femmes aux mouvements sociaux dans lesquels elles participent. « Nos voix doivent être entendues et nos forces doivent être visibles », a souligné une participante. Il a également été proposé de documenter les récits des femmes sur leur parcours vers le leadership et d’élaborer des messages communs à toutes les luttes pour sensibiliser davantage sur l’importance du leadership des femmes dans les efforts de justice sociale de base. À cette fin, des participantes ont été interrogées au cours de l’atelier concernant l’importance du pouvoir des femmes dans la lutte pour la terre, le logement et les ressources naturelles et une vidéo contenant ces entretiens sera bientôt disponible.

Un plan stratégique visant à promouvoir les droits des femmes à la terre, au logement et aux ressources naturelles est désormais en cours d’élaboration, intégrant les contributions des dirigeantes au cours de cet échange, la réunion de stratégie susmentionnée, la formation de formateurs avec des femmes endorois, qui a également eu lieu en mai 2018, et un examen plus approfondi des possibilités de promouvoir les droits humains et la justice sociale dans les années à venir.