Sierra Leone: Protégez les défenseurs des droits fonciers!

Date de publication : 
Lundi, 4 mars 2019

 

Le 4 mars 2019, le Réseau-DESC a envoyé une lettre collective au président de la Sierra Leone pour lui faire part de ses préoccupations concernant un incident violent survenu le 21 janvier 2019 entre des communautés locales et les forces militaires déployées pour protéger les palmeraies du groupe agroalimentaire Socfin dans la chefferie Sahn Malen dans le district de Pujehun, en Sierra Leone. À la suite de l'incident et des raids qui ont suivi dans les communautés locales, deux civils ont été abattus, apparemment par des militaires. Quinze autres personnes ont été arrêtées, dont un membre du parlement, et plus de 2 500 personnes ont été déplacées de force.

 

L'incident fait partie d'un conflit foncier plus large entre les communautés locales et le groupe Socfin. Les activités du groupe Socfin dans la chefferie ont entraîné de graves violations des droits humains, notamment l’acquisition de terres sans le consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones de la région, des allégations de pression dans le processus de transfert des terres et une indemnisation apparemment insuffisante des propriétaires terriens. En outre, le Réseau-DESC est préoccupé par le fait que les défenseurs des droits humains locaux soient spécifiquement victimes de violences, de détentions arbitraires, de diffamation et de tentatives de criminaliser leur travail légitime.

 

Le Réseau-DESC attire également l'attention sur l'influence indue que le groupe Socfin semble exercer sur le gouvernement sierra-léonais, y compris sur le personnel de sécurité, ainsi que sur le pouvoir judiciaire et le parlement. Cela illustre diverses manifestations d’emprise des entreprises, illustrées par l'ingérence judiciaire et la manipulation de services de sécurité au profit des entreprises et au détriment de l'intérêt public et des droits humains des communautés.

 

La lettre exprime les revendications collectives du Réseau-DESC au gouvernement sierra-léonais:

 

  1. Assurer la libération sans condition de tous les membres de la communauté arrêtés et détenus par la police sierra-léonaise en relation avec les événements du 21 janvier, et abandonner immédiatement tous les mandats d'arrêt en cours contre des membres des communautés de Malen, qui ont été déposés en représailles apparentes pour leurs activités de défense et promotion des droits humains
  2. Lancer une enquête indépendante et impartiale sur les meurtres commis contre les deux DDH communautaires
  3. Assurer une protection adéquate aux membres des communautés de Malen et à leurs défenseurs contre les menaces, les représailles et le harcèlement dont ils sont victimes et qui sont perpétrés par les membres des forces de sécurité de l'État ou des personnes liées au groupe Socfin, et protéger les défenseurs des droits humains qui défendent les droits fonciers en Sierra Leone. Démilitariser complètement Sahn Malen.
  4. Prendre toutes les mesures possibles pour limiter l'influence indue de l’entreprise sur les processus et les acteurs publics, y compris par le biais de mécanismes législatifs, politiques et d'application efficaces permettant à l'État de protéger les droits humains de sa population, indépendamment de tout intérêt commercial en jeu
  5. Promouvoir un modèle de développement qui respecte les droits humains et la durabilité environnementale, y compris le droit des peuples autochtones au consentement libre, préalable et éclairé, et permette aux populations de subvenir à leurs besoins et de vivre dans la dignité.

 

La lettre peut-être lue ici