Les femmes qui articulent des positions communes et font progresser l'action collective sur les terres et les ressources naturelles

Date de publication : 
Lundi, 6 janvier 2020

Au cours des dernières années, sous la coordination du Groupe de travail sur les femmes et les DESC, les femmes leaders de la base ont articulé des positions communes et fait progresser l'action collective sur la terre et les ressources naturelles ; plus récemment, par le biais d'un deuxième échange et d'une série de contributions au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies.

Deuxième échange de femmes leaders de la base

Le deuxième échange de femmes leaders de la base a eu lieu à Chiang Mai, Thaïlande (du 29 juillet au 2 août), sous la direction des femmes et des DESC du réseau-DESC et des groupes de travail des mouvements sociaux, avec des contributions de fond provenant de projets collectifs sur la capture des entreprises, la justice climatique et la documentation communautaire.

Accueillies par Asia Indigenous Peoples Pact, dix-huit femmes représentant des organisations de peuples autochtones, de paysans/petits agriculteurs, de pêcheurs, d'éleveurs et d'autres groupes de onze pays se sont réunies A à Chiang Mai, en Thaïlande, du 29 juillet au 2 août.

 

Les participants représentaient quatorze organisations mondiales, régionales, nationales et locales, dont le World Forum of Fisher Peoples ,  Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas,  Asia Pacific Forum on Women, Law and Development, Endorois Welfare Council (Kenya), Natural Resources Women Platform (Liberia), Ekta Parishad (Inde), Pakistan FisherFolk Forum (Pakistan), United Sisterhood Alliance (Cambodia), Consejo de Pueblos Wuxhtaj (Guatemala).

S'appuyant sur un premier échange qui a eu lieu au Kenya en 2018, la réunion visait à renforcer la solidarité, à approfondir l'analyse partagée et à articuler les visions des femmes et les demandes communes autour de la terre, du logement et des ressources naturelles. Elle visait également à mettre en avant l'analyse et les expériences des femmes des communautés affectées dans l'élaboration de la prochaine Observation générale sur la terre et les droits économiques, sociaux et culturels du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESCR).

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Au cours de l'échange, les femmes ont entendu les expériences des unes et des autres face à diverses injustices, confrontées à des acteurs et des récits puissants dans le contexte d'un modèle de développement qui marchandise la terre, incite les entreprises à abuser et aggrave la crise climatique.

Les femmes, la terre et les abus des entreprises. Les participants ont mis en évidence les diverses façons dont les entreprises manipulent les communautés, façonnent des récits nuisibles et utilisent les forces de sécurité publique pour préserver leur contrôle sur les terres et les ressources naturelles dont les communautés dépendent. En s'intéressant aux effets disproportionnés de la mainmise des entreprises sur les femmes, qui renforce souvent les structures sociales patriarcales et marginalise davantage les femmes dans la prise de décisions concernant les terres, les participants ont fait part d'histoires de résistance et de stratégies qu'ils utilisent pour défendre les droits de leurs communautés.

Les femmes, la terre et la justice climatique. Les participants ont discuté des impacts du changement climatique dans leurs communautés ; de la manière dont il affecte les connaissances traditionnelles, les liens culturels et spirituels avec la terre, les moyens de subsistance et la santé. Ils ont souligné comment la réponse de nombreux gouvernements à la crise climatique fait peser des menaces sur les droits humains et la participation significative des communautés, entraînant des déplacements, des expulsions et un appauvrissement. S'appuyant sur l'analyse en cours des membres concernant les changements climatiques, les participants ont envisagé des approches aux changements climatiques qui gardent les gens et la planète au centre.  

Les droits fonciers des femmes et la documentation dirigée par la communauté. Les participants ont été interrogés sur les types de données qu'ils recueillent et utilisent, ainsi que sur les lacunes qui existent dans les types de données utilisées pour la prise de décision. Dans une conversation sur la position collective sur les données et les DESC élaborée par le groupe de travail sur le suivi, les participants ont discuté des principes qui devraient guider la collecte et l'utilisation des données sur les DESC de manière à mieux refléter les expériences vécues par les communautés et les femmes, et ont articulé les priorités relatives à la documentation dirigée par la communauté.

L’intersectionnalité dans les luttes liées à la terre. Les participants ont réfléchi à la façon dont leurs identités distinctes et croisées façonnent leur façon unique de vivre le monde, et à la façon dont cela influe sur ce qu'ils apportent à leurs luttes. Elles ont également partagé les défis auxquels les mouvements sociaux sont confrontés lorsqu'ils embrassent la diversité, les contributions des femmes à la formation de son leadership et ses demandes et stratégies pour opérationnaliser l'intersectionnalité dans la pratique. Les femmes dirigeantes, jeunes et âgées, ont partagé des stratégies réussies pour jeter un pont entre les générations et renforcer la solidarité intergénérationnelle dans leurs luttes, en particulier entre les femmes.

Consultation avec le CESCR. En présence de Heisoo Shin, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESCR), les participants ont partagé leurs expériences et leurs revendications collectives en s'appuyant sur les jours précédents, pour informer la prochaine Observation générale sur la terre et les droits économiques, sociaux et culturels.  Un rapport sur les points de consensus formulés par les participants a ensuite été soumis par écrit au CESCR.

Le deuxième échange de femmes leaders de la base a permis d'avancer des propositions de travail collectif pour le groupe de travail sur les femmes et les DESC pour la période à venir. Les membres ont réaffirmé leur engagement à se joindre à la Grève mondiale des femmes, à faire avancer le plaidoyer articulé devant l'ONU, à promouvoir les relations entre les femmes de la base et les organisations de défense des droits des femmes, à renforcer le leadership des femmes dans les luttes liées à la terre et à faire progresser l'apprentissage mutuel sur les stratégies pour faire face à la dépossession, tout en approfondissant la solidarité entre les femmes défenseurs des droits humains.   

Journée de débat général sur la terre et les droits économiques, sociaux et culturels

Une journée de débat général sur la terre et les droits économiques, sociaux et culturels a eu lieu à Genève le 14 octobre 2019. Organisée par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, la discussion a permis de recueillir les recommandations des experts et des parties prenantes concernant les questions clés qui devraient être abordées dans une nouvelle observation générale sur les droits fonciers et les droits économiques, sociaux et culturels afin de résoudre les problèmes liés à la gouvernance du régime foncier.

Parmi les membres du réseau-DESC qui ont participé à cette journée de débat général, on peut citer: FIAN International, Center for International Environmental Law,  Centro de Estudios Legales y Sociales (Argentine), Fundación Promoción Humana (Argentina), Consejo de Pueblos Wuxtaj (Guatemala), Comité Ambiental en Defensa de la Vida (Colombie), Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights, Dejusticia (Colombie), Habitat International Coalition (HIC) and Amnesty International. A travers les présentations de Juana Toledo (Consejo de Pueblos Wuxtaj), Valentina Camacho (Comité Ambiental en Defensa de la Vida) et Claudia Lazzaro (Fundación Promoción Humana), les participants ont discuté des diverses pressions sur les terres qui se sont intensifiées en raison de la spéculation, de la nécessité de protéger la sécurité d'occupation des femmes, des droits spécifiques liés à la terre pour les peuples autochtones et autres groupes vulnérables, des droits fonciers dans les situations de conflit et des terres dans des conditions environnementales changeantes et du changement climatique.  Les membres ont souligné la manière dont les communautés, et les femmes en particulier, vivent et font face aux violations des droits humains liés à la terre, et la nécessité d'une Observation générale qui réponde à leurs demandes.

Lire le rapport des femmes leaders au comité des Nations Unies

Travail collectif préalable autour de l'Observation générale sur la terre

Ces dernières années, le réseau-DESC a soutenu l'élaboration de l'observation générale sur la terre et les droits économiques, sociaux et culturels en amplifiant la diversité des points de vue des membres du réseau (conformément aux principes directeurs du réseau-DESC concernant l'équilibre régional, l'équilibre entre les sexes et l'analyse intersectionnelle et la place centrale des mouvements sociaux dans le travail collectif). Ces dernières années, le réseau-DESC a mené plusieurs consultations pour apporter sa contribution au CESCR, notamment en coordonnant une consultation en ligne en 2016 auprès d'une soixantaine de membres, des consultations avec des organisations de peuples autochtones, des groupes de pêcheurs et des défenseurs des droits des femmes en 2017 et une soumission écrite à la fin de 2017.

Selon le Comité, une version préliminaire de l'Observation générale sur la terre sera publiée d'ici février 2020, et les organisations de la société civile seront invitées à présenter des contributions écrites.  

 

 

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