Des membres exposent l'impact de l'exploitation minière sur l'environnement et les défenseurs-euses des droits humains en Mongolie

Date de publication : 
Mercredi, 4 décembre 2019

Un récent rapport conjoint des membres du Réseau-DESC, du Centre for Human Rights and Development - Mongolie (CHRD-Mongolie) et du Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA) illustre l'impact négatif sur l'environnement, les défenseurs-euses des droits humains et les femmes défenseures des droits humains (FDDH) causées par les industries extractives en Mongolie. Le rapport s’appuie sur une mission d'enquête effectuée en mai 2019 dans les provinces du nord-est de Khentii et de Dornod et examine l'impact de plusieurs projets d'extraction, dont la société minière canadienne Steppe Gold.

Les industries extractives jouent un rôle de plus en plus important dans l’économie mongole. Dans le but de réglementer les activités d'extraction en Mongolie, CHRD-Mongolie et d'autres acteurs de la société civile ont plaidé avec succès en faveur d'une législation relative à la diffusion publique et à des consultations constructives avec les communautés locales. Cependant, une grande partie de la législation relative aux activités extractives en Mongolie est mal appliquée et a été assouplie à cause des pressions politiques exercées par les industries extractives. En outre, une série d'initiatives visant à stimuler les investissements étrangers en Mongolie, principalement dans le secteur minier, a créé un environnement propice aux entreprises et aux investisseurs. En conséquence, les sociétés extractives ont à plusieurs reprises violé le droit des communautés locales de vivre dans un environnement sûr et sain, et le gouvernement a à maintes fois omis de tenir les entreprises responsables des violations de la réglementation environnementale.

En raison de l'incapacité du gouvernement à demander des comptes aux entreprises, les communautés locales ont commencé à s'organiser pour protéger leur environnement. De nombreuses communautés touchées par les activités des industries extractives n’ont pas été consultées de manière significative et sont devenues de plus en plus préoccupées par le risque de voir se dérouler des procédés d’extraction hautement contaminants à proximité de sources d’eau, en violation de la législation nationale. Cela a conduit certaines communautés à protester contre les opérations, tandis que d'autres semblent avoir une vision plus positive du fait des avantages économiques des activités minières. Cela a provoqué des tensions et des divisions entre les communautés voisines et le rapport exprime des préoccupations concrètes quant à la possibilité que des actes de violence intercommunautaire se produisent.

De même, les défenseurs-euses des droits humains au sein des communautés sont confronté-e-s au harcèlement et aux menaces en raison de leur travail légitime pour protéger la terre et l'environnement. Le rapport précise que les menaces par téléphone sont l’une des principales stratégies appliquées pour intimider les DDH et leurs familles. La diffamation est également largement utilisée pour discréditer les les défenseurs-euses des droits humains opposés aux activités minières, en les accusant d’avoir un intérêt économique caché. Les photographies montrent également que les agents de sécurité privés de Steppe Gold, qui est l’un des principaux acteurs des opérations minières du pays, frappent les manifestant(e)s. Une des femmes DDH a été arrêtée par le personnel de sécurité de Steppe Gold pendant cinq heures, au cours desquelles elle a été victime de harcèlement sexuel. Ces attaques contre des DDH ont été menées en toute impunité - les menaces qui ont été rapportées n'ont pas fait l'objet d'une enquête et le médecin local a refusé de délivrer des certificats médicaux attestant des blessures subies lors du passage à tabac.

Ces attaques font partie d'une tendance mondiale plus large d'attaques contre les défenseurs-euses des droits humains pour la protection de l'environnement, en particulier dans le contexte des industries extractives. De nombreux rapports soulignent à plusieurs reprises les dangers de la protection de l'environnement. Selon l’Analyse globale 2018 des membres du Réseau-DESC, Front Line Defenders (The International Foundation for the Protection of Human Rights Defenders), 77% des DDH tué(e)s en 2018 travaillaient pour les droits des peuples autochtones, relatifs à la terre.

Pendant des années, les membres et les alliés du Réseau-DESC ont œuvré collectivement pour plaider en faveur d'un traité fort aux Nations Unies pour prévenir et réparer les violations des droits humains commises par des entreprises. Récemment, des membres ont rejoint les négociations de traités à Genève. Vous pouvez lire la position commune ici.

Vous pouvez lire le rapport complet de CHRD-Mongolie et de FORUM-ASIA (en anglais ou en mongol) ici.