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Jeudi, Juillet 17, 2025

Dans ce numéro, nous vous présentons les points forts de la présence du Réseau-DESC à la quatrième conférence des Nations unies sur le financement du développement (FfD4) à Séville – en allant des revendications politiques audacieuses à l’art en tant qu’outil de résistance.

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Marche de la société civile à Séville (Espagne), 29 juin 2025
Marche de la société civile à Séville (Espagne), 29 juin 2025

La dette dévore notre avenir. Les 50 pays les plus vulnérables à la crise climatique consacrent aujourd’hui 15,5 % de leurs recettes publiques au remboursement de la dette extérieure, soit le niveau le plus élevé depuis plus de trente ans.

Il ne s’agit pas seulement d’une crise économique, mais d’une injustice systémique. Le système financier mondial continue de détourner les ressources de l’éducation, de la santé et de la résilience climatique pour les diriger vers les créanciers. Les communautés du Sud s’organisent pour résister.

Que s’est-il passé à Séville ?

Du 30 juin au 3 juillet 2025, plus de 1 000 organisations de la société civile se sont réunies – à l’intérieur et à l’extérieur du site officiel – pour la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) à Séville, en Espagne. Cette conférence était largement considérée comme une occasion cruciale de transformer l’architecture financière mondiale dans un contexte de crises croisées.

Au lieu de cela, nous avons obtenu un résultat faible et décevant : le “Compromiso de Sevilla”, décrit par beaucoup comme une “occasion manquée” et un “cadeau pour le statu quo”.

L’héritage de Séville sera celui de l’exclusion des voix de la société civile tout en soutenant la mainmise des entreprises sur le développement.
— Déclaration de la société civile du FfD4

Ce que le Réseau-DESC a demandé à la place

En mettant l’accent sur les droits humains, en rejetant l’austérité et en démocratisant la gouvernance mondiale, nous pouvons transformer l’architecture financière afin de corriger les inégalités systémiques et de garantir notre droit à l’avenir.

Lors du FfD4, le Réseau-DESC a appelé à une action audacieuse, notamment :

→ Annuler la dette insoutenable et illégitime.
→ Établir une Convention des Nations Unies sur la dette souveraine.
→ Rejeter l’austérité et privilégier des politiques fiscales sensibles au genre et transformatrices.
→ Assurer une gouvernance démocratique accrue et mettre fin à la mainmise des entreprises.
→ Soutenir une Convention fiscale des Nations Unies pour lutter contre les flux illicites et l’évasion fiscale mondiale.

Dans le couloir de la dette : Art et résistance à Séville
Le Réseau-DESC a présenté sa série de bandes dessinées sur la dette et la justice climatique lors...
Le Réseau-DESC a présenté sa série de bandes dessinées sur la dette et la justice climatique lors de l'exposition « On Debt Row » (Dans le couloir de la dette) à Séville. Photo avec l'aimable autorisation d'APWLD.

Du 29 juin au 1er juillet, le Réseau-DESC a co-organisé et participé à On Debt Row : The Impact of Debt on Lives in the Global South (Dans le couloir de la dette : l’impact de la dette sur la vie des populations dans les pays du Sud) , une exposition d’art qui s’est tenue à l’AC Hotel Sevilla Forum.

L’exposition, organisée conjointement avec APWLD, Debt for Climate Europe et des artistes des Philippines et d’Argentine, a exploré la manière dont la dette fonctionne comme un outil de contrôle politique, économique et culturel. Grâce à des peintures murales, des installations et des performances, l’exposition a transformé le langage technique de la dette en une expérience visuelle et émotionnelle puissante.

« L’art ne consiste pas seulement à faire quelque chose de beau », a déclaré Len-Len du collectif artistique The O Home. « Il s’agit de faire quelque chose qui nous aide à guérir, à résister et à nous exprimer ».

Dans le cadre de l’exposition, le Réseau – DESC a également présenté sa série de bandes dessinées multilingues, « Le pouvoir des 99 % pour stopper l’emprise des entreprises », dont « Au delà des mensonges verts : Les vraies solutions à la crise climatique existent », le dernier numéro, qui dénonce l’écoblanchiment, les promesses de réduction nette à zéro et le rôle des pollueurs dans l’élaboration de faux récits sur le climat.

Avant Séville : les mouvements exigent un changement systémique

Le 10 juin, plus de 100 membres et allié.e.s du Réseau-DESC ont participé au webinaire Transformer l’architecture financière mondiale pour garantir la justice en matière de dette et de climat.

Des intervenant.e.s venus d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’ailleurs ont expliqué comment la dette, l’austérité et le militarisme aggravent les inégalités et la destruction de l’environnement. Mais ils/elles ont également souligné que des alternatives existent déjà – des économies féministes, autochtones et communautaires enracinées dans la solidarité, l’attention et la régénération.

Ces perspectives ont jeté les bases des revendications politiques que nous avons portées à Séville.

Nous ne proposons pas d’alternatives. Nous les pratiquons déjà. Le défi est de démanteler le système qui rend nos économies invisibles tout en finançant la destruction
— Farah Galal, MENAFem

La lutte continue

Le document final du FfD4, le « Compromiso de Sevilla », n’a pas été à la hauteur de l’événement. Mais à travers les luttes et les régions, les communautés continuent de s’organiser pour trouver des alternatives fondées sur la solidarité et la protection des personnes et de la planète.

Nous devons faire pression pour que le système soit au service de l’humanité et non de l’hégémonie.
— Sergio Chaparro, Dejusticia (Colombia)