Alors que plus de 500 banques publiques de développement se sont réunies au Cap, en Afrique du Sud, du 26 au 28 février 2025, pour la cinquième édition du sommet Finance en Commun, les membres du Réseau-DESC ont amplifié les demandes en faveur d’un système financier qui réponde réellement aux besoins des communautés confrontées aux dures réalités de l’inégalité croissante, de la crise de la dette et de l’escalade de l’urgence climatique.
Organisé conjointement par la Banque de développement d’Afrique du Sud (DBSA) et la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), le sommet a attiré plus de 2 000 délégué.e.s qui ont débattu de la promotion des infrastructures et du financement en vue d’une croissance juste et durable. Pourtant, malgré l’urgence du moment, de nombreuses organisations de la société civile (OSC) ont quitté le sommet déçues car les conversations ont continué à donner la priorité aux investissements du secteur privé plutôt qu’aux solutions publiques.
Le Réseau-DESC a contribué à une déclaration commune des OSC appelant les BPD à se porter garantes d’un système financier juste, égal, durable et solide pour permettre aux États de respecter les droits économiques, sociaux et culturels de tou.te.s et de s’attaquer aux inégalités mondiales. La déclaration demande également aux banques de soutenir les réformes de l’architecture financière mondiale qui facilitent l’annulation et la restructuration de la dette, donnent la priorité au développement national et soutiennent des normes plus démocratiques, notamment en adoptant une convention-cadre des Nations unies sur la dette souveraine. La déclaration souligne également la nécessité de respecter les droits humains en veillant à ce que le consentement préalable, libre et éclairé (CPLE) soit rigoureusement obtenu dans les projets de développement affectant les populations autochtones, de donner la priorité au leadership communautaire dans les processus décisionnels et de prendre des mesures pour prévenir et combattre le harcèlement et la violence à l’encontre des défenseur.euse.s des droits humains et de l’environnement. Enfin, la déclaration appelle les banques à s’engager immédiatement à éliminer progressivement les combustibles fossiles et à réorienter le financement de la lutte contre le changement climatique afin de soutenir les mesures d’atténuation et d’adaptation ainsi qu’une transition équitable vers les énergies renouvelables, dans le respect des principes de transparence, de responsabilité, de leadership communautaire, de droits humains et d’égalité de genre.
Malgré les recommandations fortes contenues dans la déclaration, de nombreuses solutions avancées lors du sommet continuent de donner la priorité au financement et à l’investissement du secteur privé comme solution aux crises économiques, financières et climatiques. Les OSC ont noté que ces approches aggravent souvent les crises de la dette souveraine, mettant encore plus à l’épreuve les économies vulnérables. Dans un monde où plus de 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent plus pour le service et le remboursement de la dette que pour la santé et l’éducation, l’accent mis par les BPD sur les cadres néolibéraux de la dette – favorisant les prêts plutôt que les subventions – ne fait que perpétuer les cycles d’inégalité.