En tant que ESCR-Net, nous exprimons notre solidarité profonde avec le peuple garífuna du Honduras, et en particulier avec l’OFRANEH, face à la violence, la criminalisation et la répression croissantes qu’ils subissent pour défendre la vie, la terre et les droits collectifs. En tant que réseau international de mouvements sociaux, d’organisations et de défenseur·e·s des droits humains, nous nous joignons à leur voix pour exiger justice.
Depuis des décennies, les Garífunas font face à l’accaparement de leurs terres, au racisme structurel et à une violence systématique exercée tant par l’État que par des acteurs privés. Leurs communautés, principalement situées sur la côte nord du pays, défendent leurs territoires ancestraux contre des projets touristiques, agro-industriels et extractifs mis en œuvre sans consultation préalable, en violation des droits reconnus aux niveaux national et international.
À l’aube du 12 avril, Max Gil Castillo, originaire de la communauté de Punta Piedra à Iriona, Colón, a été enlevé de chez lui, alors qu’il dormait à San Pedro Sula, par des hommes armés se prétendant policiers. Depuis, aucune information n’a été donnée sur sa localisation, et les plaintes déposées par sa famille sont restées sans réponse de la part du gouvernement hondurien.
Max est le frère de Tomás Castillo, président du conseil communautaire de Punta Piedra et dirigeant reconnu pour sa lutte en faveur de la restitution des terres ancestrales. Sa disparition survient quelques jours après une mobilisation des communautés garífunas à Tegucigalpa, dénonçant l’inaction de la Commission de haut niveau pour la mise en œuvre des décisions internationales (CIANCSI) et exigeant l’application effective des arrêts de la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) sur Punta Piedra et Triunfo de la Cruz.
Ce n’est pas un cas isolé. Quelques heures après la disparition de Max, Miriam Miranda a rapporté de nouvelles menaces de mort. Dans un message audio partagé par elle, on entend clairement des menaces directes en lien avec le conflit foncier : « Nous viendrons chez vous pour vous faire payer. Nous allons vous tuer », lance une voix déformée.
Miranda est depuis longtemps la cible d’attaques. En novembre 2023, elle avait déjà signalé la présence d’hommes armés près de son domicile à Vallecito. Bien que la Commission interaméricaine des droits de l’homme lui ait accordé des mesures de protection, l’État hondurien n’a pas assuré sa sécurité ni celle d’autres leaders garífunas.
La disparition de Max Gil Castillo et les menaces contre Miranda s’inscrivent dans un schéma plus large de violence structurelle et de criminalisation envers le peuple garífuna—un schéma qui doit être compris dans le cadre de l’économie politique de la violence. Dans ce contexte, des acteurs économiques, étatiques et criminels coopèrent pour faciliter l’accaparement des terres collectives et le contrôle des ressources naturelles. La répression systématique des leaders et communautés reflète une logique extractiviste imposée par la militarisation, l’impunité et un racisme profondément enraciné dans les institutions étatiques.
ESCR-Net exige que toute la lumière soit faite immédiatement sur le sort de Max Gil Castillo, que les responsables soient poursuivis, et que cesse la persécution des défenseur·e·s de la terre et de la vie. Nous appelons également d’urgence l’État hondurien à respecter les arrêts de la Cour interaméricaine et à garantir la sécurité du peuple garífuna.
👉 Pour en savoir plus sur la situation des Garífunas au Honduras, consultez les déclarations de l’OFRANEH :
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