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Lundi, Mai 12, 2025

Dans cette édition, nous analysons la montée des violences dirigées contre les communautés en première ligne de la défense des droits humains. Ces violences ne sont pas des accidents : elles s’inscrivent dans un système mondial délibéré de dépossession et de contrôle. Des cas récents au Brésil, au Honduras et en Afrique du Sud montrent comment l’économie politique de la violence opère concrètement sur le terrain.

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Des périphéries de São Paulo aux décombres de Gaza, en passant par les quartiers informels d’Afrique du Sud, un schéma familier se répète : les communautés qui osent défendre la vie, la terre et la dignité deviennent des cibles. Ces actes ne sont ni isolés ni uniquement dus à la corruption ou à la mauvaise gouvernance. Ce que nous observons, c’est l’économie politique de la violence (EPV) : un régime mondial dans lequel la violence, exercée par des acteurs étatiques et non étatiques, sert à maintenir un système économique basé sur le profit et le contrôle.

Cette violence n’est pas une anomalie : elle est la logique du capitalisme rendue visible. Depuis ses origines, le capitalisme s’est appuyé sur la force brutale — en extrayant des richesses à travers la dépossession, l’esclavage et l’exploitation. Aujourd’hui, le néolibéralisme a intensifié cette violence, effaçant les frontières entre les entreprises, le crime organisé et les institutions publiques. Résultat : celles et ceux qui défendent leurs terres, leurs eaux et leurs territoires sacrés sont attaqués, tandis que l’impunité règne. Du harcèlement aux disparitions forcées, du développement militarisé au déplacement des populations, la répression devient le prix à payer pour résister.

Comprendre le terrain de la lutte est le premier acte de résistance. Dans ce numéro, nous présentons trois cas emblématiques qui révèlent le caractère structurel de cette violence — et l’urgence de construire une solidarité internationale entre mouvements et territoires.

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Brésil | L’assassinat de deux leaders du MST et les racines économiques de la violence

En janvier, Valdir do Nascimento de Jesus et Gleison Barbosa de Carvalho, membres du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), ont été assassinés dans la communauté Olga Benário.Ces meurtres ne sont pas isolés : ils s’inscrivent dans une vague croissante de répression visant à étendre l’agrobusiness et à protéger les intérêts corporatifs. Ce sont précisément ces dynamiques que le Réseau-DESC combat, en dénonçant la capture des institutions publiques par les entreprises et l’impunité des grandes multinationales.

Cet article analyse comment l’EPV se manifeste à travers la dépossession militarisée, la criminalisation de la protestation et la destruction environnementale, en mettant en lumière les liens profonds entre l’État, le pouvoir des entreprises et la violence organisée.

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Gafífunas

Honduras | Le peuple garífuna et la persistance de la dépossession racialisée

Le 12 avril, Max Gil Castillo a été victime de disparition forcée dans la communauté garífuna de Punta Piedra. Quelques heures plus tard, Miriam Miranda, dirigeante de l’OFRANEH, recevait de nouvelles menaces de mort.Ces actes ne sont pas des cas isolés, mais s’inscrivent dans une stratégie plus large de démantèlement des droits collectifs à la terre et à l’autodétermination.

Le peuple garífuna ne fait pas que survivre : il défend son littoral ancestral, son autonomie, ses pratiques agricoles et culturelles contre les projets de complexes touristiques, les plantations de palmiers à huile et les intérêts militarisés du capital. Ici aussi, l’EPV frappe : la dépossession racialisée comme prix du « développement ». Une vieille stratégie déguisée en investissements étrangers.

Ce cas illustre comment l’EPV opère dans les territoires afro-descendants, où la violence devient un outil de dépossession dirigée par les entreprises et de reconfiguration territoriale.

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Abahali

Afrique du Sud | Solidarité avec Abahlali baseMjondolo

Nous dénonçons les expulsions violentes et les attaques racistes dirigées contre les membres du mouvement Abahlali baseMjondolo, qui lutte pour la terre, le logement et la dignité en Afrique du Sud.

Les récentes expulsions dans la région du KwaZulu-Natal révèlent un schéma plus large de répression étatique, alimentée par des intérêts de développement élitistes et une propagande anti-pauvres et raciste.

La lutte d’Abahlali repose sur le droit de rester sur leurs terres et de vivre dignement — des droits reconnus par les lois sud-africaines et internationales. Leur résistance remet en cause la logique même de l’économie politique de la violence.

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Qu’est-ce que le Système de Solidarité du Réseau-DESC ?

Notre Système de Solidarité (SOS) est un mécanisme collectif activé lorsque des membres du Réseau-DESC, leurs communautés ou leurs allié·e·s sont menacé·e·s en raison de leur travail de défense des droits humains. Il sert aussi d’espace stratégique pour analyser les causes structurelles de la répression, y compris l’économie politique de la violence.

Plus d’infos : escr-net.org/en/working-group/system-of-solidarity

Comment résister à l’économie politique de la violence?

  • Mettre au centre les défenseur·se·s des droits et leurs communautés.

  • Nommer la violence : construire des analyses partagées qui déconstruisent les récits de justification ou de déni.

  • Dénoncer et amplifier : rendre visibles les cas emblématiques et exiger des comptes aux acteurs étatiques et corporatifs.

  • Tisser la solidarité internationale : relier les luttes à travers les régions, affronter la violence systémique et renforcer les soutiens à long terme fondés sur la confiance et la lutte collective.

  • Protéger les territoires et les vies qui les soutiennent : renforcer la protection collective, le soin et les stratégies communautaires face à la militarisation.

  • Transformer les structures : promouvoir des alternatives au modèle économique dominant, fondées sur l’autodétermination, la justice environnementale et la souveraineté des peuples.

Contenu associé

Merci de nous lire. Pour en savoir plus sur notre Système de Solidarité, veuillez contacter Evan King, coordinateur du SOS : eking@escr-net.org