Alors que le monde s’empresse d’abandonner les combustibles fossiles, une réalité inquiétante se dessine : l’extraction des soi-disant « minéraux critiques » et le développement de projets d’énergie renouvelable entraînent des accaparements de terres, des déplacements forcés et des destructions environnementales, notamment dans le Sud Global.
S’appuyant sur les réalités vécues par nos membres en Amérique latine, en Afrique, en Asie et au-delà, ce document révèle comment les Peuples Autochtones, les femmes et les communautés rurales supportent le poids d’une transition qui reproduit souvent des schémas coloniaux d’exploitation. De l’extraction de lithium dans le désert d’Atacama en Chili à l’exploitation minière en haute mer dans l’océan Indien, en passant par l’extraction de graphite en Tanzanie et les opérations de nickel en Indonésie, des communautés sont spoliées au nom des « solutions climatiques ».
Le document présente une série puissante de cas concrets qui démontrent comment la transition énergétique mondiale, telle qu’elle est actuellement poursuivie, reproduit des dynamiques extractivistes et coloniales.
En Amérique latine, l’extraction de lithium en Argentine, en Bolivie et au Chili — connu sous le nom de « Triangle du lithium » — a profondément affecté les communautés autochtones atacamènes et leurs écosystèmes, déclenchant des batailles juridiques pour le droit au consentement libre, préalable et éclairé.
Au Zimbabwe, les communautés ont été confrontées à des relocalisations forcées, à la contamination de l’eau et à des abus de travail liés à l’extraction de lithium.
En République démocratique du Congo, des enfants continuent de travailler dans des conditions dangereuses dans les mines de cobalt et de coltan.
Au Sénégal, l’extraction de phosphates et de sables minéraux par des entreprises étrangères a déplacé des communautés agricoles et mis en péril les systèmes alimentaires locaux.
En Asie et dans le Pacifique, le même schéma se répète :
En Indonésie, l’extraction de nickel a entraîné de nombreuses violations des droits humains sur les terres autochtones des Hongana Manyawa, tandis que les projets hydroélectriques destructeurs à Kalimantan ont érodé les protections environnementales et sociales.
En Tanzanie et au Sri Lanka, l’extraction de graphite a provoqué des déplacements, de la pollution et la répression de ceux qui résistent.
De la mine de Didipio aux Philippines à l’exploitation des terres rares au Laos, les communautés ont souffert d’accaparements de terres, de criminalisation et de violences étatiques.
Parallèlement, l’exploitation minière en haute mer menace les écosystèmes marins de l’océan Indien et des îles du Pacifique, incitant des moratoires régionaux dans des pays comme les Fidji, le Vanuatu et la Nouvelle-Zélande.
Même l’Union européenne est impliquée par le biais de politiques telles que la loi sur les matières premières critiques, qui facilite les accords extractivistes avec les pays du Sud Global sans garantir de protections adéquates des droits humains ou environnementaux.
Ces cas dressent ensemble un tableau alarmant d’une transition énergétique motivée non par la justice, mais par des intérêts géopolitiques et corporatifs incontrôlés.
Le document met en évidence :
Des violations massives des droits liés aux projets d’énergie « verte », allant du travail des enfants dans les mines de cobalt en RDC au déplacement des pasteurs masaïs au Kenya.
Les défaillances réglementaires des États et des institutions internationales, qui ont permis aux violations et aux abus des entreprises de prospérer en toute impunité.
La nécessité urgente de placer les droits humains, la souveraineté autochtone et les droits de la nature au cœur de chaque étape de la transition énergétique mondiale.
Nous soutenons qu’une transition juste et équitable n’est pas possible sans affronter la mainmise des entreprises, renforcer les mécanismes internationaux de responsabilité, tenir les pays riches et les principaux pollueurs mondiaux responsables de leur dette climatique, et garantir que les communautés en première ligne — et non les entreprises — montrent la voie à suivre.