Summary
Le 27 septembre 2016, le Cour pénale internationale (CPI) a reconnu à l’unanimité le suspect islamiste Ahmad Al Mahdi coupable au-delà de tout doute raisonnable en tant que co-auteur d’un crime de guerre conformément à l’art. 8(2)(e)(iv) du statut de Rome en réponse au attaques dirigées intentionnellement par M. Al Mahdi contre dix des sites du patrimoine culturel les plus importants à Tombouctou, au Mali, en juin et juillet 2012. Ce crime de guerre s’entend du fait de diriger intentionnellement « des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion, à l’enseignement, à l’art, à la science ou à l’action caritative, des monuments historiques, des hôpitaux et des lieux où des malades ou des blessés sont rassemblés, à condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires. » Ces attaques étaient liées à un conflit armé non international qui a eu lieu sur le territoire du Mali et à l’occupation ultérieure de Tombouctou par les groupes armés Al Qaïda au Maghreb islamique et Ansar Dine.
Dans son évaluation de la gravité du délit, la Chambre de première instance VIII (Chambre) de la CPI a estimé que les sites du patrimoine ciblés non seulement étaient des bâtiments religieux, mais qu’ils avaient aussi une très grande valeur symbolique et émotionnelle pour la population de Tombouctou. Les mausolées des saints et les mosquées de Tombouctou, détruites pendant les attaques, faisaient partie intégrante de la vie religieuse de la population et constituaient un patrimoine commun de la communauté. La Chambre a de plus signalé que le témoignage de P-431 (expert malien en matière culturelle), qui a déclaré que la destruction des mausolées, auxquelles la population de Tombouctou était très attachée, était un acte de guerre qui visait à abattre la population de Tombouctou dans son âme. De plus, tous les sites sauf un étaient des sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO. À ce titre, la Chambre a estimé que les attaques dont ils ont fait l’objet étaient particulièrement graves car leur destruction touchait non seulement les victimes directes des crimes, mais aussi toute la population du Mali et la communauté internationale.
Le procès de M. Al Mahdi s’est tenu du 22 au 24 août 2016, période durant laquelle M. Al Mahdi a fait volontairement et en connaissance de cause un aveu de culpabilité. Ayant pris note de certains facteurs atténuants, la Chambre a condamné M. Al Mahdi a neuf ans de prison.