Réseau-DESC – le Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels (Réseau-DESC) condamne les attaques récentes du gouvernement israélien contre des résident·es arabes syrien·nes du Golan syrien occupé qui s’opposent à l’expansion en cours d’un parc éolien critiqué comme un cas de verdissement de l’image de l’occupation sous l’égide d’acteurs du monde des affaires. Cette situation n’est que trop familière pour de nombreux membres du Réseau-DESC qui ont été confrontés à des luttes similaires au nom du soi-disant développement de l’énergie verte, y compris dans des zones touchées par des conflits et dans des territoires occupés. Nous exprimons notre solidarité avec le Centre arabe des droits humains Al-Marsad, membre du Réseau-DESC, dans le plateau du Golan, et avec l’ensemble de la communauté syrienne dans le Golan syrien occupé, qui continue à résister face à un acte violent de dépossession.
Le 20 juin 2023, Israël a envoyé des centaines d’agents de la police spéciale au Golan pour protéger le projet d’éoliennes auquel s’opposent les résidents arabes syriens du Golan occupé. Les forces de l’État ont bloqué les points d’accès de la communauté et dispersé les manifestant·es, qui s’étaient rassemblé·es pour une veillée sur leurs terres. La police a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau, des balles en caoutchouc et des balles réelles, blessant 27 personnes, dont cinq se trouvent dans un état critique. Il s’agit d’une réponse violente aux protestations légitimes et de longue date de la population du Golan contre les projets énergétiques qui cherchent à tirer profit de l’occupation.
En janvier 2020, trois rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont envoyé des lettres conjointes à Israël et à Energix Renewable Energy, une entreprise publique israélienne, qui met en œuvre le projet (également connu sous le nom de « Projet éolien d’Aran »). Les lettres expriment « leur inquiétude face aux poursuites judiciaires prétendument engagées contre Al-Marsad par la société Energix, ainsi qu’à la campagne de diffamation visant l’organisation, qui semblent être liées à ses activités légitimes en matière de droits humains, en particulier son opposition à un projet d’énergie renouvelable dans le Golan syrien occupé ». Les deux lettres expriment également la crainte que l’invocation de la loi anti-boycott d’Israël dans cette affaire ne constitue un « harcèlement judiciaire ». Cinq groupes religieux et militant·es ont également déclaré avoir fait l’objet de poursuites stratégiques contre la mobilisation publique en raison de leur rejet public du projet, et une série de lettres de menace ont été envoyées à de nombreux militant·es. Les rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont également fait part de leur inquiétude concernant les « témoignages de harcèlement des propriétaires terriens syriens dans le but de faire pression sur eux pour qu’ils louent leurs terres à l’entreprise ».
Dans sa réponse, Israël « déplore » et « rejette » les qualifications des rapporteurs. En mai 2020, dans une réponse écrite, Energix a déclaré que « les allégations faites et les données fournies dans les deux articles sont incorrectes, sans fondement et trompeuses pour les lecteurs ». L’entreprises a déclaré que le projet avait été planifié et approuvé par le gouvernement israélien. Energix prétend que le projet permettrait de renforcer l’efficacité de la production et des infrastructures du secteur de l’électricité, ainsi que de créer des opportunités d’emploi, entre autres, afin d’éviter de reconnaître les graves préjudices causés à la population d’origine locale, à leurs terres agricoles et à l’environnement, dans le contexte d’une occupation militaire prolongée.
Le Réseau-DESC soutient les droits des résident·es et des défenseur·es des droits humains à la terre, à la souveraineté sur les ressources naturelles et les richesses, ainsi que leur droit de protester et de poursuivre librement leur action vitale. Israël, en tant que puissance occupante et « État d’origine » d’Energix, a des obligations claires en vertu du droit international humanitaire et des droits humains qu’il doit respecter, notamment en ce qui concerne l’utilisation aveugle, disproportionnée et excessive de la force lors des manifestations et la protection des défenseur·es des droits humains. Le droit international humanitaire interdit en outre à la puissance occupante d’exploiter les ressources naturelles des territoires occupés ou de s’emparer des terres des membres de la communauté pour servir ses intérêts économiques. Cette pratique constitue un pillage, comme crime de guerre. Conformément aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, les entreprises ont le devoir de respecter les droits humains et, dans les zones de conflit, de respecter les normes du droit international humanitaire et de faire preuve d’une diligence accrue dans ces contextes afin d’éviter d’être impliquées dans des violations graves du droit international.
Nous demandons à Israël de mettre fin à son occupation du Golan syrien, de cesser immédiatement le projet d’éoliennes et de respecter le droit à l’autodétermination de la population arabe syrienne qui y réside.