La 60e session de négociations sur le climat – ou “SB60” – vient de s’achever à Bonn, en Allemagne. Le SB60 a notamment abordé la question de l’opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages (LDF pour son sigle en anglais) et les objectifs de financement du climat pour l’après-2025, également connus sous le nom de Nouvel objectif collectif quantifié (NCQG). Les négociations visent à aboutir à un accord sur ces deux questions lors de la Conférence des Parties (COP29) qui se tiendra cette année en Azerbaïdjan. Les membres du Réseau-DESC ont suivi de près le SB60, prenant activement part à diverses actions inter-constitutions guidées par l‘analyse collective établie après la COP28 à Dubaï.

© 2024 Teo Ormond-Skeaping/Loss and Damage Collaboration
C’est un progrès de voir que le LDF est presque opérationnel. C’est important car la crise climatique et les injustices nuisent de plus en plus aux communautés et violent les droits humains, en particulier le droit à l’alimentation et à la nutrition. Il est également essentiel de comprendre que les processus de la CCNUCC ne sont pas séparés des questions et des mécanismes relatifs aux droits humains. Nous demandons que le LDF soit basé sur des subventions, fondé sur les droits humains et pleinement opérationnel à l’issue de la COP29 en Azerbaïdjan.
Les États-Unis, qui ont une empreinte carbone 1700 fois supérieure à celle du Costa Rica […] ne remplissent pas leurs obligations fondées sur l’article 2 de l’Accord de Paris pour protéger l’environnement. […]Ce qui est négocié ici au SB60 n’est pas seulement irrationnel, mais illégal parce que non conforme aux obligations légales des États. Lorsque les pays disent : “Eh bien, je fais un don. Que voulez-vous que je fasse d’autre ?” Eh bien, nous voulons que vous remplissiez vos obligations légales. C’est tout.
Le paragraphe 51 de l’Accord de Paris ne défait pas le droit international des droits humains préexistant (et) […] ne nie pas le droit à un recours et à des réparations complètes qui s’applique dans le contexte des dommages climatiques indépendamment du paragraphe 51.
Les options non durables à forte intensité de ressources n’ont pas leur place dans une transition énergétique juste. Il est essentiel de comprendre que les pertes et dommages ne concernent pas seulement les impacts négatifs du changement climatique, mais qu’ils doivent également couvrir les impacts des fausses solutions climatiques qui augmentent la vulnérabilité de la sécurité alimentaire et les dommages environnementaux. L’appel à la réparation climatique doit s’adresser aux actionnaires des IFI et aux décideurs du financement climatique au sein du système des Nations Unies, que les gouvernements des pays industrialisés dominent. Nous devons demander à ces pollueurs mondiaux de rendre des comptes.
À Bonn, les parties ne se sont entendues que sur des conclusions procédurales, mais les organisations de la société civile ont plaidé en faveur de l’inclusion des principes d’une transition juste et des impacts de l’action climatique sur tous les droits humains : droits du travail, droits sociaux, droits économiques et droits environnementaux. La dimension de justice doit également prendre en compte les différences d’impact de la transition dans les différentes régions de la planète, par exemple les impacts de l’extraction des minéraux essentiels à la transition sur les écosystèmes sensibles, mettant en danger les communautés vulnérables et répétant les problèmes que l’extraction des combustibles fossiles a entraînés dans le passé.
Au cours des négociations du SB60, nous avons assisté à de nombreuses tentatives de la part des pays du Nord pour faire de la transition juste une action nationale dans les pays du Sud. Une transition sera juste si elle s’attaque aux causes profondes des crises climatiques, en particulier les échanges, les dettes et l’architecture financière qui sont les goulets d’étranglement systémiques, ainsi que les aspects sociaux, culturels, sexospécifiques et environnementaux.

© 2024 Teo Ormond-Skeaping/Loss and Damage Collaboration
Alors que le SB60 touche à sa fin, il est très préoccupant de voir comment les pays du Nord continuent de bloquer les actions climatiques urgentes et de détourner la conversation lorsqu’il s’agit des moyens de mise en œuvre et de financement. Sans engagements concrets et adéquats de la part des pays riches et industrialisés, les prochains SB se concluront sans aucun progrès significatif. Nous demandons aux pays du Nord de ne pas répéter l’histoire et de s’attaquer sérieusement à l’aggravation de la crise climatique.