30 membres du Réseau-DESC provenant de plus de 15 pays se sont réunis à Buenos Aires (Argentine) du 12 au 16 juin 2023, à l’occasion de notre troisième atelier consacré à la critique systémique et intitulé « Recentrer le système d’aide et de soins, promouvoir la justice en matière de dette ». Le projet de critique systémique est une initiative d’éducation politique lancée au sein du réseau qui a permis de mettre en place un espace dédié aux échanges et apprentissage vitaux sur le système économique capitaliste néolibéral dominant, avec pour objectif de promouvoir des visions alternatives pour l’avenir destinées à faire des droits humains et de la justice sociale une réalité en faveur de tou·tes.
Ce tout dernier atelier a porté sur les liens existant entre les crises de la dette, les crises du système d’aide et de soins et les crises climatiques. Collectivement, les membres ont présenté une analyse intersectionnelle partagée, soulignant l’importance de comprendre les répercussions des crises dites de la dette tenant compte du genre, en les connectant de manière explicite à la crise du système d’aide et de soins. Pour la première fois, des membres représentant le Groupe de travail sur les politiques économiques (PE) et le Groupe de travail sur les femmes et les DESC ont pu se réunir en personne pour apprendre, partager, élaborer des stratégies et nouer de vraies relations de solidarité.
Grâce à cet atelier, les membres du Réseau-DESC ont pu commencer à analyser les liens profondément ancrés entre les crises du système d’aide et de soins et les crises de la dette. Les membres du Groupe de travail sur les politiques économiques ont réfléchi au rôle essentiel joué par les travailleur·es sociaux·ales dans la mise en place de la reproduction sociale nécessaire au fonctionnement de notre société. Dan Owala (PHM Kenya) a indiqué qu’il n’avait pas réalisé à quel point le secteur de l’aide et des soins était déterminant et qu’il avait eu un déclic en pensant à ce qui se passerait si tou·tes les travailleur·es de ce secteur se mettaient en grève. Tout au long de l’atelier, les liens directs entre la dette souveraine et la dette des ménages ont mis en évidence la nécessité de disposer d’une meilleure analyse féministe intersectionnelle lorsque l’on aborde ces questions. Les membres des deux groupes de travail ont estimé que l’espace était productif et inspirant, et qu’il existait une volonté évidente de créer un nombre plus important d’espaces pour élargir l’éducation politique à l’ensemble des membres.
Après avoir consacré beaucoup de temps à expliquer le concept, l’histoire et les incidences des crises de la dette et des crises du système d’aide et de soins, l’atelier a également permis aux membres d’imaginer un monde nouveau, en approfondissant leur réflexion sur ce à quoi pourrait ressembler une économie véritablement solidaire et les implications d’une telle expérience.
Les membres ont d’abord discuté des crises actuelles de la dette, soulignant les graves injustices auxquelles les communautés sont confrontées en raison de dettes injustes et illégitimes. Comme l’a fait remarquer à juste titre Radiatu Sheriff (NRWP), « nous payons le prix de décisions que nous n’avons pas prises », un sentiment largement partagé par les membres qui ont fait le lien entre les décisions prises par les puissances coloniales et la dette elle-même, « une forme de colonialisme », selon Carolina Tamagnini (FUNDEPS). C’est une entrave qui tient en otage plusieurs générations au sein de nos communautés.