Le Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels (Réseau-DESC) et ses plus de 300 membres, comprenant des mouvements sociaux, des peuples autochtones, des syndicats indépendants, des organisations et défenseur·ses des droits humains dans 76 pays, se joignent aux déclarations publiées par nos membres Front Line Defenders, l’Organisation mondiale contre la torture, Amnesty International, PODER, Otros Mundos, COPINH, Indigenous Peoples Rights International et Tlachinollan afin d’exprimer notre indignation et notre condamnation de l’assassinat du père Marcelo Pérez, prêtre autochtone tzotzil du diocèse de San Cristóbal de las Casas au Chiapas (Mexique) qui a eu lieu dimanche 20 octobre.
Le père Marcelo Pérez était un éminent défenseur de la Terre nourricière et des droits humains, engagé en faveur de la justice sociale et de la réconciliation au service de la consolidation de la paix. En raison de son travail de défenseur, il se trouvait dans une situation de risque imminent. Ainsi, depuis 2015, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme lui avait accordé des mesures de précaution en vue d’assurer sa protection.
L’assassinat du père Marcelo Pérez est un nouvel exemple de l’augmentation alarmante de la violence au Chiapas, dénoncée par différents mouvements et organisations. Depuis plusieurs années, les membres du Réseau-DESC réfléchissent à la question de l’économie politique de la violence, c’est-à-dire aux causes structurelles qui conduisent à des contextes de violence et de répression accrues dans de nombreuses communautés. En fin de compte, cette réflexion révèle la manière dont différents groupes et individus profitent économiquement de la montée de la violence ou utilisent la violence pour protéger leurs intérêts économiques. Ce scénario représente un risque encore plus grand pour les personnes, les mouvements et les organisations qui défendent la Terre nourricière et les droits humains.
Nous regrettons que les autorités elles-mêmes placent les défenseur·ses des droits humains dans une situation de plus grande vulnérabilité et de plus grand risque, en qualifiant leurs actions de criminelles et en les associant à des soupçons d’activités criminelles. Ce fut le cas pour le père Marcelo et d’autres personnes qui ont été impliquées, par exemple, en tant que médiateurs dans le conflit qui touche la communauté de Pantelhó.
Le Réseau-DESC s’associe à l’appel adressé aux autorités des trois niveaux de gouvernement au Mexique de mener une enquête qui permette d’établir la vérité et de rendre justice à la suite de ce terrible assassinat. De même, nous exigeons que l’État mexicain traite la situation au Chiapas sous l’angle des droits humains et s’efforce de reconstruire le tissu social dans les communautés, en particulier les communautés autochtones, ravagées par la violence au service d’intérêts privés et souvent générée par divers groupes de la criminalité organisée.