La société civile dénonce un réseau d’écoles à but lucratif exploitant les TIC pour le développement

Date de publication : 
Mercredi, 28 mars 2018

Le 1er mars, 88 organisations de la société civile ont uni leurs voix dans une lettre collective demandant instamment à d’importants investisseurs financiers de cesser d’appuyer Bridge International Academies (BIA), un réseau multinational d’entreprises à but lucratif exploitant plus de 500 écoles au Kenya, au Libéria, au Nigeria, en Ouganda et en Inde.

La directrice générale de l’Initiative for Social and Economic Rights en Ouganda a fait remarquer que « Bridge n’a pas respecté les normes de base ni tenu ses promesses » et que « les investisseurs seront complices de cette catastrophe s’ils ne retirent pas leur soutien. » 

En février 2018, après 18 mois de négociations, le ministre ougandais de l’Éducation a décidé de fermer les écoles BIA pour n'avoir pas respecté les normes minimales en matière d’éducation, de santé et de sécurité.

Dix membres du Réseau DESC étaient parmi les organisations de la société civile ayant dénoncé une série de pratiques néfastes des BIA, notamment le manque de transparence, les mauvaises conditions de travail et le non-respect de la primauté du droit dans les pays d’accueil.

La réaction hostile de la société civile à l’égard des BIA met en évidence la récente tendance mondiale à la commercialisation de l'éducation et des TIC (technologies de l’information et des communications) pour le développement.

Connues pour leur utilisation de tablettes numériques remises à neuf pour animer tous les cours et suivre le comportement de tout le corps enseignant, les écoles BIA prétendent offrir des services d’enseignement de haute qualité à faible coût à l’aide d’une pédagogie high-tech normalisée conçu à leur siège social des États-Unis.

BIA est la plus grande chaîne d’écoles privées à but commercial dans le monde, comptant plus de 100,000 élèves — et prévoyant scolariser 10 millions d’élèves d’ici 2025.

Elle est financée par certains des acteurs les plus puissants des secteurs privé et public concernés par la réalisation du droit à l’éducation, notamment :  

  • Omidyar Network (fondé par le créateur de eBay),  
  • Zuckerberg Education Ventures (fondé par le créateur de Facebook),  
  • Fondation Bill et Melinda Gates (fondée par le créateur de Microsoft),  
  • et des organismes publics des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Norvège, des Pays-Bas et de l’Union européenne.  

 

 

 

Lettre ouverte aux investisseurs dans BIA

Lectures supplémentaires :

Commercial Schools and the Right to Education
Another ICT4D (information and communication technologies for development) failure?