Les membres du Réseau-DESC entreprennent un travail collectif sur la justice en matière de climat

Date de publication : 
Lundi, 13 janvier 2020

Les membres du Réseau-DESC ont identifié la destruction de l'environnement et le changement climatique comme l'une des cinq conditions communes qui menacent les communautés à l'échelle mondiale, soulignant la nature infiniment extractive de notre système économique dominant et la marchandisation de la nature. L'éco destruction et le changement climatique menacent toute une série de droits humains à un niveau systémique, notamment les droits à la vie, à la santé, à l'alimentation, à l'eau, au logement et au travail. Pour protéger efficacement les droits de l'homme, il est essentiel de s'attaquer à la crise climatique. La réalisation effective des droits humains, de l'égalité effective aux droits des peuples autochtones, peut également contribuer de manière positive à la lutte contre les changements climatiques. Encouragé par les organisations membres et mandaté par notre Charte commune de lutte collective, le Réseau-DESC fait actuellement avancer un projet à l'échelle du réseau sur l'environnement et les DESC, avec pour priorité la justice climatique. 

Plus de 35 membres - mouvements sociaux et ONG - dans toutes les régions ont été actifs dans la cartographie initiale et les actions pilotes.  Beaucoup de ces membres sont également engagés dans différents groupes de travail, soutenant ce projet pour impliquer d'autres membres, s'appuyer sur l'action collective existante et tirer parti des atouts du réseau.

Les membres suivants ont rejoint un groupe consultatif pour diriger les travaux du réseau sur la justice climatique:: Al-Haq, Asia Pacific Forum on Women, Law and Development, Asia Indigenous Peoples’ Pact, Comité Ambiental en Defensa de la Vida; DejusticiaFIAN International, Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights, Green Advocates, Human Rights Law Network, Interamerican Association for Environmental Defense, International Women’s Rights Action Watch Asia Pacific, Kairos- The Center for Religion, Rights and Social Justice, Lok Shakti Abhiyan, Movement for the Survival of the Ogoni People, Pakistan Fisherfolk Forum et le World Forum of Fisher Peoples.

Le projet vise à approfondir les liens entre les membres intéressés à travailler ensemble sur le climat ; à créer un espace d'apprentissage mutuel ; à développer notre analyse commune des facteurs structurels à l'origine de la crise climatique et notre vision des solutions/alternatives ; ainsi qu'à coordonner l'action collective menée par les membres.

Depuis mars 2019, le secrétariat du Réseau-DESC consulte les membres par le biais de réunions et d'appels de sensibilisation. En termes de points émergents d'analyse partagée et de messages communs, il s'agit entre autres :

  • Les mouvements sociaux, les peuples autochtones et les communautés directement touchés par les effets des changements climatiques et y résistant doivent être au cœur de notre analyse, de nos solutions de rechange et de nos stratégies.
  • De profondes inégalités et injustices mondiales enracinées dans nos systèmes économiques, politiques et sociaux sont à la base de la dévastation écologique et de la crise climatique actuelles. Il est urgent de reconnaître et de s'attaquer à ces causes structurelles et de rechercher des solutions équitables à l'échelle mondiale en matière d'adaptation et d'atténuation, fondées sur une analyse féministe et intersectionnelle.
  • Les États doivent prendre des mesures urgentes pour faire face aux changements climatiques, notamment en réglementant et en responsabilisant les entreprises et les acteurs financiers, afin de respecter leurs obligations de respecter, de protéger et de concrétiser les droits humains, à l'échelle nationale et extraterritoriale. L'action sur le climat ne doit pas violer les droits humains.
  • La solidarité mondiale avec les défenseurs des droits de l'homme et de l'environnement et le renforcement de leur protection sont essentiels.

Dans le cadre de ce projet en évolution, les membres ont également mené quelques initiatives pilotes au cours des derniers mois.

Litiges stratégiques : En juin 2019, le Centre for Human Rights and Development (CHRD), l'Open Society Forum, le groupe de travail sur le contentieux stratégique du Réseau-DESC et les membres actifs dans notre nouveau travail sur l'environnement et les DESC ont co-organisé un atelier sur le contentieux intitulé Enforcing Environmental Rights. En collaboration avec le SLWG, certains de ces membres font maintenant une intervention collective en tant qu'amicus curiae dans une affaire de droits fonciers autochtones devant la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. L'amicus curiae se concentrera sur la recherche internationale et comparative renforçant les droits fonciers autochtones et affirmant le rôle des peuples autochtones en tant que gardiens de l'environnement. Cet effort incarne le principe clé selon lequel les droits de l'homme doivent être au cœur de l'action en faveur du climat et de l'environnement. L'affaire est portée devant les tribunaux par le Minority Rights Group International.

Les femmes et les DESC : En juillet 2019, les membres du projet ont facilité les discussions stratégiques sur la justice climatique par des sessions dédiées lors du deuxième échange de femmes leaders de la base sur la terre, le logement et les ressources naturelles qui s'est tenu à Chiang Mai, en Thaïlande, dans le but de créer une base solide pour construire une approche féministe et intersectionnelle de notre travail sur le climat. L'échange comprenait une consultation informelle avec le Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESCR). Les principaux points de consensus sur la justice climatique issus de l'échange ont été inclus dans une soumission collective des femmes leaders participantes pour la Journée de discussion générale (DGD) organisée par le CESCR sur le projet d'observation générale sur la terre, qui s'est tenue le 14 octobre 2019. Les membres du projet sur l'environnement et les droits économiques, sociaux et culturels étaient également présents à la Journée de débat général et sont intervenues avec force, à titre individuel, lors de la table ronde sur ‘les terres dans des conditions environnementales changeantes et le changement climatique.’

A l'échelle du réseau :  De mai à septembre 2019, le Réseau-DESC a fait partie du groupe de travail chargé d'appuyer l'organisation du Sommet des peuples sur le climat, les droits et la survie humaine, qui s'est tenu à New York les 18 et 19 septembre 2019. L'un des principaux objectifs du sommet était de galvaniser le mouvement des droits humains pour qu'il appuie davantage le mouvement pour la justice climatique tout en travaillant pour que les stratégies d'atténuation et d'adaptation placent les droits humains au centre. Le groupe consultatif a guidé toutes les contributions du Réseau-DESC au sommet, notamment en contribuant à l’élaboration de la déclaration qui en a résulté. Sur un autre front, les membres ont contribué à des études de cas pour l'Initiative de Maastricht IV sur les droits humains des générations futures. En outre, le projet émergent a facilité l'établissement de multiples liens bilatéraux entre les membres travaillant sur le climat, et a soutenu l'engagement des membres dans le contexte des sessions du Conseil des droits humains et de diverses manifestations liées au climat et aux droits humains, en particulier à l'intersection de la terre et du climat.

Au fur et à mesure que ce travail se développe au sein du réseau, nous aurons une réunion en personne au début de l'année prochaine 2020, en principe à la fin du mois de mai, afin de décider ensemble des domaines prioritaires pour le travail collectif.

Beaucoup de ceux qui vivent dans l'appauvrissement et qui ont une longue histoire d'oppression, sont déjà confrontés aux coûts les plus élevés du changement climatique, alors qu'ils ont le moins contribué à la crise climatique. En effet, ils ont souvent été les premiers à conserver la biodiversité, à incarner l'économie sociale et solidaire de nécessité et à résister à la dévastation environnementale qui touche leurs communautés, et pourtant ils sont rarement accueillis dans les espaces politiques internationaux en tant que contributeurs à la prise de décision. Il est essentiel de parvenir à une compréhension commune des diverses luttes pour faire progresser collectivement la justice climatique et les droits humains, en s'inspirant de l'expérience vécue des communautés touchées et du leadership des mouvements sociaux. La survie même de l'humanité et de la planète est en jeu.

Pour plus d'informations sur le travail émergent du réseau sur la justice climatique, veuillez envoyer un courriel à Joie Chowdhury à jchowdhury@escr-net.org