Résumé des résultats de la recherche menée par le réseau Red Chimpu Warmi en Bolivie.
Projet de recherche communautaire
Nous nous sommes concentrés sur ces questions en raison du besoin qui existe sur le territoire du Jach’a Marka Tapacarí Condor Apacheta (JMTCA) de disposer d’un dossier avec des informations spécifiques sur la défense du territoire contre les processus de soumission et de dépossession, ces derniers temps par l’exploitation minière privée. Nous voulions renforcer l’exercice des droits indigènes et paysans de la population du JMTCA, afin qu’ils puissent se défendre contre l’assaut de la société minière.
De nombreuses spéculations ont été émises et ces spéculations ont généré de la peur et une alliance entre certaines parties du pouvoir politique et l’entreprise. Nous avons décidé de faire face à l’emprise des entreprises en extrayant les informations des archives historiques qui nous ont permis de vérifier les droits fonciers de la communauté et l’illégalité des opérations minières. Avoir la documentation la plus ordonnée possible est le seul moyen de rompre cette situation de confusion, de peur et d’exploitation. Nous avons également trouvé très important de cartographier les impacts de l’exploitation minière et de refléter les points de vue des femmes et des enfants affectés.
Méthodes de collecte de données utilisées :
Documentation des archives historiques, cartographie communautaire, discussions de groupe, documentation vidéo.
Nous avons constaté qu’il y a une intrusion illégale de la société minière NILSER SRL dans le JMTCA, sur la base de recherches documentaires sur la légalité de la concession minière et de son activité sur le territoire. Nous avons également constaté une violation du droit à la consultation préalable par l’Autorité Juridictionnelle Administrative Minière lors de l’octroi de la concession à la société, malgré les résolutions des autorités indigènes contre elle. Il a été possible de remonter toute l’histoire du cas de la société minière NILZER SRL mais aussi de la paralyser, en plus d’un engagement d’indemnisation des dommages ; cependant, ce dernier ne s’est pas encore concrétisé. Ce dossier est très important, notamment en raison du manque d’informations formellement demandées aux institutions de l’Etat (par exemple, l’Autorité Juridictionnelle Administrative Minière).
Nous avons également constaté une forte partialité des fonctionnaires de l’État en faveur de l’entreprise minière, car elle génère des revenus qui profitent à l’exécution des projets, ce qui crée de la désinformation et de l’intimidation envers les autorités autochtones. Les conditions institutionnelles donnent la priorité à la valeur de l’activité minière, car on pense qu’elle fournit des redevances aux gouvernements locaux et départementaux pour l’exécution des projets et qu’elle génère des emplois, ce qui laisse les peuples autochtones dans une situation de subordination et diminue leurs droits à protéger leurs systèmes de vie, leurs ressources de survie comme l’eau, ainsi qu’à exercer leurs droits territoriaux à la lumière de leur croyance dans la compréhension du territoire comme Pachamama, une entité qui donne la vie. Cette relation discriminatoire peut être considérée comme un modèle néocolonial de traitement subordonné au détriment des droits des nations et des peuples autochtones. Cette situation leur donne également le pouvoir d’intimider par le biais de la dissuasion des entreprises et de coopter un soutien basé sur des promesses d’octroi de biens et de services en soutien aux membres de la communauté qui acceptent l’activité minière, générant des divisions et des tensions. Une grande partie de la gestion documentaire et du soutien juridique a été apportée aux autorités indigènes devant le Tribunal agro-environnemental du département d’Oruru. Nous avons également progressé dans une plainte pénale devant le Ministère public pour des délits d’« exploitation illégale de ressources naturelles, vente illégale de ressources naturelles et destruction et détérioration des biens de l’État » contre l’entreprise. L’action organique et l’exercice de la juridiction paysanne indigène de la JMTCA ont été renforcés.
Il a été possible de reconstituer l’histoire de la défense et de la légalisation des droits territoriaux de la JMTCA, son processus de reconstitution et son rôle historique dans la région. Une chronologie a été produite qui reconstitue les principaux jalons de l’histoire de la JMTCA.
Les perceptions des femmes, des jeunes et des enfants sur les impacts de l’exploitation minière ont également été identifiées. Il était très important de trouver un moyen de visualiser ces impacts, à travers des cartes, des illustrations et des vidéos, et de permettre aux enfants de participer à ce processus. Il convient de souligner que la culture de partialité envers les activités minières viole les droits des populations locales, car elle ne mesure pas leurs responsabilités et leurs impacts environnementaux et se concentre plutôt sur les profits rentiers à court terme. Par conséquent, elle ne prête pas attention aux impacts socio-économiques causés par la pollution et la désertification, tels que l’annihilation des systèmes économiques traditionnels basés sur l’agriculture ; la détérioration des bases de la sécurité et de la souveraineté alimentaires ; le déplacement des populations à la recherche d’autres stratégies économiques ; la désintégration du tissu social ; ni l’atteinte à la santé physique et émotionnelle des populations, en particulier des enfants.
Il est urgent de développer des capacités de gestion interculturelles dans le traitement des questions liées à l’exploitation minière, depuis la concession elle-même jusqu’aux procédures qui impliquent les droits des peuples autochtones. Par exemple, il serait possible de disposer d’un système géoréférencé qui chevauche les territoires autochtones et les grilles minières, d’accès facile et à la simple demande des autorités autochtones ou des acteurs miniers. Il serait également possible d’élaborer des protocoles de consultation préalable adaptés aux normes internationales et au droit constitutionnel.
Il est urgent de réaliser une évaluation coûts-bénéfices des impacts miniers et environnementaux, ainsi que des responsabilités et des conditions environnementales dans lesquelles elle laisse le territoire d’Oruro ; le coût social et culturel qu’elle implique, en plus du coût de la durabilité de la vie. Cela ouvrirait les yeux aux acteurs politiques qui, en connaissance de cause, prendraient des décisions plus transparentes.
Développer des compétences sur l’environnement et le potentiel productif de la région pour assurer le bien-être de la population. Développer des initiatives productives complémentaires et durables sur le plan économique.
Déclarer patrimoine municipal et départemental les ressources en eau douce restantes et mettre en œuvre des programmes de gestion des bassins versants et des microbassins versants en coordination avec les populations locales. Il s’agit d’un enjeu crucial dans la région.
Le JMTCA a marqué historiquement des étapes dans le mouvement émancipateur indigène et dans la reconstruction de la mémoire de défense du droit à son territoire ; et maintenant il marque un nouveau pas car le canyon de Peñas – où se trouve le JMTCA – lutte pour sa survie au milieu d’un désert contaminé. Ce qu’ils font est déjà une référence, par exemple, en ce qui concerne le dépôt de plainte auprès du Tribunal agro-environnemental. Ils continuent d’être des alliés du mouvement d’Oruro dans la résistance contre la contamination minière.
Ces résultats seront utilisés de trois manières :
- Comme mémoire pédagogique et outil d’information permanente pour la population et les autorités du JMTCA, pour renforcer la juridiction indigène et faire face à la désinformation et à la capture des entreprises par l’information.
- Comme apport pour avancer dans la défense du droit de propriété du TIOC JMTCA et vers le respect des droits collectifs et individuels de sa population.
- Comme contribution à la proposition de programmes de gestion intégrale des sources d’eau et à la mise en œuvre d’un programme économique productif autochtone.
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