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Mardi, Octobre 15, 2024

Les défis posés par les crises multiples sont immenses, tout comme le sont la solidarité internationale et le pouvoir collectif des peuples. Du 16 au 20 septembre 2024, plus de 100 organisations, mouvements sociaux, syndicats indépendants, mouvements féministes et autochtones se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, à l’occasion de la réunion de stratégie mondiale du Réseau-DESC. Pendant cinq jours, des participant.e.s du monde entier se sont réuni.e.s pour élaborer des stratégies visant à construire un avenir fondé sur la justice, la dignité et la protection des personnes et de la planète.

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Membres participant à notre réunion stratégique mondiale à Chiang Mai, Thaïlande.
Nous ne pouvons pas mener cette bataille seuls, c’est pourquoi, aujourd’hui, nous nous sentons forts.
— Gam Shimray, AIPP

Réaffirmant le principe fondamental de la centralité des mouvements sociaux dans l’analyse et les stratégies du Réseau-DESC, la réunion a débuté le 19 septembre par une session préparatoire conçue pour permettre aux mouvements sociaux d’approfondir leurs liens et de renforcer les fondements de l’action collective du réseau.

« Ceux et celles qui sont au sommet construisent des relations pour assurer leur pouvoir et leur position », a déclaré Charon Hribar, du Centre Kairos (États-Unis). « Ils et elles maintiennent leur contrôle en nous isolant et en nous divisant. Par conséquent, plus nous nous rassemblons, brisons notre isolement et renforçons nos liens, plus cela est essentiel à notre survie et à la construction d’un monde où les personnes peuvent s’épanouir ».

Les mouvements ont mis l’accent sur la construction de la solidarité, le renforcement de l’éducation politique, l’élaboration de récits à partir de connaissances communautaires et l’application de l’analyse intersectionnelle en tant que stratégies clés pour relever les défis mondiaux d’aujourd’hui.

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  • Du 16 au 20 septembre 2024, plus de 100 organisations, mouvements sociaux, syndicats indépendants, mouvements féministes et mouvements de peuples autochtones se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, à l'occasion de la réunion stratégique mondiale du réseau ESCR-Net.
  • Du 16 au 20 septembre 2024, plus de 100 organisations, mouvements sociaux, syndicats indépendants, mouvements féministes et mouvements de peuples autochtones se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, à l'occasion de la réunion stratégique mondiale du réseau ESCR-Net.
  • Du 16 au 20 septembre 2024, plus de 100 organisations, mouvements sociaux, syndicats indépendants, mouvements féministes et mouvements de peuples autochtones se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, à l'occasion de la réunion stratégique mondiale du réseau ESCR-Net.
  • Du 16 au 20 septembre 2024, plus de 100 organisations, mouvements sociaux, syndicats indépendants, mouvements féministes et mouvements de peuples autochtones se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, à l'occasion de la réunion stratégique mondiale du réseau ESCR-Net.
  • Du 16 au 20 septembre 2024, plus de 100 organisations, mouvements sociaux, syndicats indépendants, mouvements féministes et mouvements de peuples autochtones se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, à l'occasion de la réunion stratégique mondiale du réseau ESCR-Net.
Les visions féministes au cœur de l'action collective
Le mouvement féministe n’est pas isolé.
— Misum Woofrom , APWLD

Un élément central de la mission du Réseau a été mis en avant dès le premier jour du rassemblement : un Encuentro féministe, qui a renforcé la nécessité d’intégrer l’analyse féministe et intersectionnelle dans toutes les actions futures. Des activistes et des défenseurs de diverses régions, défendant des questions allant des droits des travailleurs domestiques à la justice climatique, en passant par la responsabilité des entreprises et l’annulation de la dette, ont félicité le Réseau pour avoir intégré l’analyse intersectionnelle dans son travail au fil des ans.

« Le mouvement féministe n’est pas isolé. Il est très important d’avoir cet espace au niveau mondial, afin que nous puissions remettre en cause politiquement les systèmes d’oppression tout en imaginant des avenirs féministes », a déclaré Misum Woof de l’APWLD (Thaïlande), l’une des co-organisatrices du GSM.

La cérémonie d’ouverture officielle de la réunion a été menée par le Asian Indigenous Peoples Pact (AIPP), également co-organisateur, et a donné le ton à des journées de réflexion politique approfondie et d’élaboration de stratégies. Gam Shimray, de l’AIPP, a résumé l’ambiance dans son discours d’ouverture : « Tous les pays sont dans une situation désastreuse. Lorsque l’espace démocratique se rétrécit, c’est toute la société qui est touchée, y compris les peuples autochtones. Nous ne pouvons pas mener cette bataille seuls, c’est pourquoi nous nous sentons forts aujourd’hui. Notre force réside dans notre vision commune de la justice ».

Pour façonner l’avenir, il faut d’abord reconnaître notre histoire commune de résistance au capitalisme, au colonialisme/impérialisme et au patriarcat. Pour faciliter ce processus, les discussions stratégiques ont commencé par un panel axé sur la Charte commune de lutte collective, un document de base qui a été mis à jour par les mouvements au cours des deux dernières années. Elle offre une analyse précise de la situation mondiale, de la mainmise des entreprises et de la crise croissante de la dette à la destruction du climat, à la dépossession et aux attaques et assassinats de défenseurs.

« En regardant les défis que nous avons identifiés en 2016 et les stratégies que nous avons développées, il y a eu certains progrès », a déclaré Legborsi Saro Pyagbara de la Fondation Africaine Indigène pour l’Énergie et le Développement Durable (AIFES, Nigéria). « Mais nous voyons aussi que les défis ont augmenté, en particulier avec le pouvoir croissant des entreprises et les violations contre les communautés en première ligne. Nous devons repenser nos stratégies et méthodologies. »

Les intervenants de différentes régions ont souligné l’unité dans les luttes, en insistant sur le fait que reprendre le droit à l’autodétermination est central pour façonner notre avenir.

Plus nous nous rassemblons, brisons notre isolement et renforçons nos liens, plus cela est essentiel à notre survie et à la construction d’un monde où les personnes peuvent s’épanouir.
— Charon Hribar, Centre Kairos (États-Unis)
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L'autodétermination comme horizon collectif

Sur cette base, plusieurs membres ont expliqué comment leurs mouvements s’étaient emparés du droit à l’autodétermination de manière distincte, mais souvent complémentaire. Claribed Palacios García, de l’Unión afrocolombiana de trabajadoras domésticas (UTRASD, Colombie), a présenté l’autodétermination comme une stratégie d’organisation collective, tandis que Cristina Guevara, de Karapatan (Philippines), a souligné son rôle dans la décolonisation et la récupération de l’autonomie corporelle des femmes face à des systèmes qui marchandisent leur corps. Christine Kandie, du réseau Endorois Indigenous Women Empowerment Network (EIWEN, Kenya), a souligné qu’il s’agissait du droit des peuples autochtones à accéder à leurs terres et ressources ancestrales et à les contrôler, tandis que Shahd Hammouri, d’Al-Haq (Palestine), a invoqué l’autodétermination comme un acte de résistance, en citant la lutte palestinienne pour la libération contre l’occupation israélienne, le colonialisme de peuplement et l’apartheid.

Notre regard collectif se portant sur l’horizon de l’autodétermination, les sessions stratégiques se sont poursuivies, centrées sur la manière d’atteindre cet objectif collectif. Quatre questions clés ont été au centre des travaux à venir : le climat, les soins, la dette et la mainmise des entreprises.

Les discussions en petits groupes ont suscité des conversations critiques sur la voie à suivre, les participant.e.s travaillant ensemble pour développer les étoiles directrices ou les objectifs collectifs qui guideront le plaidoyer et les campagnes du Réseau-DESC au cours des cinq prochaines années.

Malgré la diversité des acteurs du réseau, nous trouvons un terrain d’entente pour continuer la lutte et poursuivre ces stratégies ; les étoiles directrices que nous avons construites reflètent notre union pour lutter pour notre bien-être et le buen vivir, ainsi que pour l’autodétermination.
— Francisco Rocael Mateos, Consejo de Pueblos Wuxhtaj (Guatemala)
Renforcer les liens par des luttes communes

La solidarité entre les luttes et les régions a été l’épine dorsale du rassemblement, tissée dans chaque discussion. De la commémoration des défenseur/euse.s tué.e.s dans la lutte pour la dignité et les droits humains aux actes de solidarité avec la Palestine et les organisations palestiniennes du réseau, l’esprit d’unité était palpable. Le marché de la solidarité a présenté des mouvements sociaux partageant du matériel, de l’art et des produits de leurs communautés tout en offrant des espaces pour soutenir diverses luttes, y compris le mouvement pour l’annulation de la dette injuste et illégitime et l’opposition aux atrocités de masse contre le peuple Rohingya perpétrées par la junte militaire du Myanmar.

Les autres discussions ont porté sur les stratégies nécessaires pour atteindre les étoiles directrices, y compris l’articulation d’une campagne mondiale. Les participant.e.s ont exploré diverses approches stratégiques, telles que la promotion de l’accès à la justice, l’élaboration de récits fondés sur les connaissances des communautés et la promotion de l’éducation politique populaire.

Le GSM est une occasion pour nous, militants partageant la même vision, les mêmes objectifs et les mêmes principes, de nous réunir, de discuter, de tracer notre avenir et de planifier la manière dont nous pouvons travailler plus efficacement pour changer et transformer ce monde injuste.
— Alvic Padilla, APMDD

Le dernier jour, les participant.e.s se sont réparti.e.s en groupes de travail pour discuter de la manière dont ils et elles pourraient contribuer à la réalisation des « étoiles directrices » par le biais de stratégies renouvelées. Il s’agissait d’identifier et de hiérarchiser les gains concrets ou les « tremplins » pour les prochaines années.

« Ce fut une expérience vraiment enrichissante où j’ai pu entendre les histoires d’autres camarades du monde entier, également des défenseur/euse.s des droits humains et de la justice sociale, et où j’ai pu m’engager dans un exercice de partage d’idées pour discuter des objectifs du réseau pour les cinq prochaines années », a déclaré Sofía Vázquez Laureano de la Colectiva Feminista en Construcción (Porto Rico).

Le GSM 2024 s’est conclu sur l’affirmation que l’unité et la solidarité, avec une vision et des stratégies claires, ouvrent la voie à la construction d’un avenir juste pour les personnes et la planète. Comme l’a dit Gam Shimray lors du rassemblement, « c’est à nous de façonner l’avenir ».

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