Rappelant les femmes du Yémen : un exposé au Conseil de sécurité des Nations Unies

Date de publication : 
Mercredi, 28 novembre 2018

Le vendredi 16 novembre, Rasha Jarhum, membre individuel du Réseau-DESC, a informé le Conseil de sécurité des Nations Unies de l'impact du conflit au Yémen sur les femmes. Lors de la réunion, Mme Jarhum a parlé au nom de la Peace Track Initiative and the Women’s Solidarity Network, une coalition de 250 femmes et organisations dirigées par des femmes yéménites qui œuvrent pour la protection des femmes et la consolidation de la paix au Yémen.

 

Depuis plus de quatre ans, le Yémen a été accaparé par une guerre dévastatrice, qui a entraîné une crise humanitaire majeure et de graves violations des droits humains. Au Yémen, près de 18 millions des 29 millions d’habitants vivent dans l’insécurité alimentaire en raison du conflit et du blocus imposé aux ports empêchant les produits et les denrées alimentaires d’entrer dans le pays. Selon le Programme alimentaire mondial, 8,4 millions de yéménites souffrent de graves insécurités alimentaires, entraînant des avertissements de famine dans les régions reculées du pays où les organismes de secours ont du mal à accéder. La situation est particulièrement critique dans et autour du port de Hodeidah, où l'alliance dirigée par l'Arabie saoudite menace de s'emparer de la ville portuaire, qui a été sous contrôle Houthi depuis la fin de 2014. Selon Mme Jarhum, les parties belligérantes continuent de violer le droit international humanitaire en toute impunité - à Hodeida, à Taiz et dans tout le pays.

Mme Jarhum a décrit les défis rencontrés par les femmes qui doivent transiter un terrain accidenté dans la ville assiégée de Taiz et traverser des zones contrôlées par des groupes armés, afin de subvenir aux besoins fondamentaux de leurs familles et de protéger leurs hommes contre le recrutement forcé, les enlèvements, les détentions et la torture. Au cours de ces voyages, les femmes sont exposées au harcèlement et aux risques de violence sans bénéficier d’aucune protection. Dans d'autres régions du pays, les femmes souffrent également d'avoir quitté leur foyer. Des étudiants de l’Université de Sanaa ont subi la répression des groupes armés houthis, y compris des groupes de femmes houthis, connues sous le nom d’Al-Zainabiyat. Les femmes qui s’engagent dans l'activisme sont battues, électrocutées et arrêtées ; elles sont souvent libérées à condition de s'abstenir de toute participation dans des activités publiques.

Mme Jarhum a dit au CSNU « en tant que femmes, nous avons le plus grand intérêt pour la paix. Les membres du Women’s Solidarity Network travaillent sans relâche pour mettre fin aux conflits sanglants portant sur les ressources en eau et en terres, pour faire évacuer les groupes armés des écoles, pour rétablir les droits de nos fils et filles en matière d'éducation et nous risquons quotidiennement nos vies pour sauver des familles coincées dans des zones de conflits ».

Exigeant une fin au conflit. Mme Jarhum a demandé un cessez-le-feu et la reprise du processus de paix, soulignant qu'il n'y aura pas de paix juste et durable sans un processus inclusif. Elle a également recommandé la levée des restrictions sur les ports (imposées par les forces navales de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite en 2017 après la fermeture de l'aéroport international de Sana en 2016) et la normalisation du trafic aérien dans tous les gouvernorats. Elle a demandé de protéger les enfants du recrutement forcé, en imposant une interdiction et en demandant la relance immédiate des programmes de démobilisation, de désarmement et de réintégration destinés aux enfants soldats. (Le Secrétaire général des Nations Unies a signalé 842 cas confirmés de recrutement de garçons dès l'âge de 11 ans au Yémen en 2017). Mme Jarhum a préconisé la création d'un mécanisme pour reconnaître les expériences des femmes rurales et des femmes victimes de la guerre et pour veiller à ce que leurs priorités soient intégrées au processus de négociation et à la solution politique. Enfin, elle a demandé l'adoption de mesures visant à soutenir la stabilité économique, la reconstruction et le rétablissement des services sociaux, ainsi que des mécanismes de lutte contre la corruption.

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