Significance of the Case
La Cour a rendu sa décision dans l’affaire Ukeje c. Ukejele même jour que celle concernant l’affaire Anekwe c. Nweke. Dans les deux cas, la Cour suprême a condamné le fait que le droit coutumier refuse de reconnaître aux femmes le droit d’hériter d’une propriété. Bien qu’il n’en soit pas explicitement fait mention, le jugement dans la présente affaire a aussi mis en lumière des questions de discrimination multiple ou intersectionnelle, où la discrimination est vécue de façon plus profonde ou particulière en lien avec l'exclusion de la succession au motif du genre en même temps que des circonstances de la naissance (c.-à-d. naissance hors mariage).Le droit coutumier au Nigeria est une importante source de droit, mais les conclusions dans ces deux affaires montrent que la validité des règles coutumières dans le système juridique dépend de la conformité de ces règles à la Constitution et de leur compatibilité avec la justice naturelle, l’équité et la bonne conscience. Dans un pays comme le Nigeria, où il existe une grande disparité entre les hommes et les femmes, qui tient en grande partie aux cultures et pratiques traditionnelles, les conclusions dans ces deux affaires constituent un pas important pour la protection des droits de propriété des femmes et de l’égalité entre les sexes.
L’égalité entre les sexes dans les questions de succession est particulièrement pertinente aujourd’hui, alors que les femmes possèdent toujours moins de 20 pour cent des terres dans le monde. En Afrique, si 31 pour cent des hommes détiennent des terres à titre individuel, ce n’est le cas que pour 12 pour cent des femmes. Diverses études révèlent que le droit des femmes à posséder des biens, dont des terres, et à en hériter, est fondamental pour rompre le cycle de la pauvreté. D’après un rapport d'ONU-Habitat, « [l]’héritage est l'un des moyens les plus courants par lesquels les femmes peuvent acquérir des terres ou y avoir accès...Cependant, la recherche de l’égalité entre les sexes sur le plan des droits de succession est ce qui a posé le plus de difficultés dans les approches fondées sur les droits, en raison de la complexité ainsi que des caractéristiques patriarcales bien enracinées des pratiques socio-économiques, culturelles et religieuses. Les mécanismes des droits humains et les organes des Nations Unies insistent toujours plus pour que soit renforcé le droit des femmes à la propriété, à la terre et à d'autres ressources en s’attaquant concrètement aux lois et aux pratiques discriminatoires. Dans le contexte de ces contestations contemporaines entourant les lois coutumières liées à l’héritage, la jurisprudence a beaucoup évolué dans divers pays, dont l’Inde, la Tanzanie et l’Afrique du Sud.
Un merci particulier au membre du Réseau DESC :Programme sur les droits humains et l’économie mondiale (PHRGE) de la Northeastern University.
Dernière mise à jour : 16 juillet 2018