Les avoirs du fondateur d’EIPR et d'autres défenseurs des droits humains sont gelés alors que ceux-ci font l’objet d’accusations criminelles en Egypte

Date de publication : 
Mardi, 20 septembre 2016

Une cour pénale du nord du Caire a tranché en faveur du gel des avoirs de 13 défenseurs des droits humains et des membres de leur famille, dont Hossam Bahgat de l'Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) qui est aussi l’ancien Président du conseil du Réseau-DESC.

Dans une déclaration publiée immédiatement après la décision de la cour, EIPR a affirmé qu'elle continuera de défendre les droits humains et les libertés et de travailler au changement des politiques publiques et des pratiques de sécurité qui vont à l'encontre des droits humains économiques, sociaux, civils et politiques, et ce malgré "l'attaque incessante de l'État sur toutes les formes d'association et d'initiatives civiles en Égypte au cours des trois dernières années." 

Dans une démarche largement dénoncée par les groupes diplomatiques et les groupes de la société civile du monde entier, la décision arrive après 12 interdictions de voyager délivrées dans le cadre de l’enquête liée à la poursuite pénale à leur encontre. Dix-sept individus ont été convoqués pour un interrogatoire concernant l’affaire criminelle imminente, affaire No. 173/2011, qui pourrait aboutir à une condamnation à perpétuité. 

Les ONG de défense des droits humains sont confrontées à des accusations fondées sur les articles 78, 98c, et 98d du code pénal égyptien, qui pénalise la réception de fonds venant de sources internationales et la création d’une organisation sans licence. Cette utilisation du cadre juridique pour criminaliser les défenseurs des droits humains est un phénomène affligeant dans la mesure où cela restreint le travail de la société civile et des ONG et de leur capacité à protéger les droits humains.

Depuis 2002, EIPR a travaillé au renforcement et à la protection des droits et des libertés de base en Égypte en gardant à l’esprit que l’importance des libertés publiques et des droits politiques doit être fondé sur la prise de conscience du caractère indispensable d’une protection complète des droits personnels. EIPR se concentre sur la recherche, le plaidoyer et le soutien des litiges dans les domaines des libertés civiles, des droits économiques et sociaux, et de la justice criminelle.

Le fondateur de EIPR, Hossam Bahgat, avait été déjà été détenu en Novembre 2015 après  avoir été convoqué pour un interrogatoire au siège des services de renseignement du Caire. Mr. Bahgat est un journaliste d’investigation pour Mada Masr, il occupe la fonction de membre du conseil du Fond pour les Droits Humains Mondiaux et est un membre consultatif de l’Open Society Justice Initiative. En 2010, il a reçu le Prix Alison des Forges décerné par le Human Rights Watch.

Les autres organisations des droits humains visées dans cette affaire sont l’Institut du Caire pour les études des droits de l’homme, l’Arab Network for Human Rights Information, le Hisham Mubarak Law Center et le Egyptian Center on the Rights to Education.

Le gel des avoirs est la dernière pression exercée par le gouvernement égyptien contre les organisations de la société civile et les ONG, et vise à restreindre leur capacité à poursuivre leur travail de défense des droits humains.

Suite à l’appel à la solidarité avec le mouvement égyptien des droits humains d’EIPR, le Réseau-DESC a réitéré son appui à ses membres et à la communauté des défenseurs des droits humains en Égypte au sens large et à la reconnaissance incontestable de leur précieux travail permettant au peuple de vivre dignement et de jouir d’une justice sociale.

Vous pouvez trouver davantage d’informations sur cette affaire ici et ici.

Photo credit: Mohamed Elraa/AP.