Une conversation sur les données avec les femmes leaders des organisations de base

Date de publication : 
Lundi, 11 novembre 2019

Résumé des discussions avec les femmes leaders  provenant d'organisations de base à Chiang Mai, Thaïlande, août 2019

Un des objectifs du Groupe de travail sur la surveillance est de soutenir le suivi et la documentation menés par les communautés à travers le Réseau DESC. Dans ce but,, nous avons participé à l'Échange femmes leaders des organisations de base sur les luttes pour la terre et les ressources naturelles, qui s'est tenu à Chiang Mai, en Thaïlande, du 29 juillet au 2 août 2019. L'échange a été organisé par le Groupe de travail sur les femmes et les DESC du Réseau, et a réuni une vingtaine de femmes provenant de communautés indigènes et de mouvements sociaux de l'Afrique, les Amériques et l'Asie. La réunion a affirmé le rôle central des femmes dans les luttes pour la terre, le logement et les ressources naturelles; et, dans la promotion d’une compréhension des ressources naturelles fondée sur les connaissances indigènes plutôt que sur des paradigmes axés sur le profit.

Jessica Mayberry, fondatrice de l’organisation Video Volunteers, ainsi que la coordinatrice du MWG, Francesca Feruglio, ont facilité plusieurs conversations avec des femmes indigènes leaders sur le rôle des données dans leur travail et leurs réalités. La réunion a exploré les questions suivantes:

1) Comment est-ce que les mouvements de base  collectent-ils et utilisent-ils les données pour faire avancer leur efforts de plaidoyer et campagne?

La plupart des participants sont impliqués dans plusieurs initiatives de  collecte de données,  y comprises la documentation des violations des droits humains et des menaces contre les défenseurs des droits humains, et la  recherche participative pour renforcer la construction de mouvements au niveau local, ou les initiatives multinationales à grande échelle.

Nous avons recueilli the informations fondamentales sur les efforts des participantes. Voici trois exemples:

2) Quelles lacunes les femmes leaders de base voient-elles dans la manière dont les gouvernements collectent et utilisent les données?

Nous avons tenu une discussion collective pour mettre en évidence les lacunes dans les données officielles et les recommandations pour les gouvernements et les agences externes impliquées dans les efforts de collecte de données.

Les messages les plus important comprenaient:

Rôle des communautés dans la définition de l'agenda: Trop souvent, les données officielles ne reflètent pas les problèmes des femmes indigènes; et, pourtant, ils ne sont pas prise en compte dans l'élaboration des politiques. Le gouvernement doit inclure les communautés au moment de décider quelles données doivent être collectées et comment. Ils doivent le faire dès le début de tout processus de collecte de données; et, se concentrer sur les données que les mouvements et les réseaux identifient comme importantes.

Compte rendu à la fin des processus de collecte de données: Le gouvernement et les autres entités qui collectent des données doivent rendre des comptes aux communautés et partager les données avec les gens une fois qu'elles ont été collectées et analysées. Les gouvernements devraient également partager des informations sur les mesures prises ou envisagées sur la base des données recueillies. Les informations doivent être partagées en temps opportun, sous des formes accessibles et simplifiées et traduites dans la langue et le contexte locaux afin d'aider les gens à les comprendre.

Questions de validité et de légitimité: les données dirigées et  collectées  par les communautés doivent être  reconnues davantage; et, elles doivent être considérées comme valides et légitimes au moment de la prise de décisions. Le gouvernement doit valider et respecter les savoirs traditionnels, même quand ils sont documentés sous des formes orales et visuelles ou non conventionnelles.

Inclusion des communautés dans le suivi des politiques publiques: Partout où un organisme gouvernemental est impliqué dans le suivi d'un programme particulier qui affecte les communautés (comme les moniteurs des hôpitaux, des écoles ou des usines), le gouvernement doit former / permettre aux membres de la communauté de réaliser ce suivi (par exemple les travailleurs des usines devraient être formés pour faire des inspections de l'usine; les parents devraient  être formés pour faire des suivis des écoles, etc.).

L'auto-identification: les gouvernements devraient reconnaître et respecter la manière dont les communautés et les individus s'identifient à eux- mêmes, même si la catégorie d’identification n’est pas formalisée dans les lois et politiques existantes. Quand il y a plusieurs identités, les personnes devraient pouvoir choisir celle sous laquelle elles souhaitent être protégées.

Les observations recueillies au cours de cette discussion ont été intégrées à un brouillon d’une position collective sur les données et les DESC sur lequel le GT sur la surveillance travaille. Ces observations ont également contribué à une soumission collective au nom des membres du Réseau DESC au sein du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies sur la prochaine Observation générale sur la terre.

3) Quelles priorités et quels besoins les mouvements populaires ont-ils en matière de documentation et de suivi? De quels types de données ont-ils besoin? Au cours des discussions, les participants ont identifié les suivantes lacunes existantes et les priorités à avancer: 

- Des données désagrégées avec une approche intersectionnelle (qui puisse refléter par exemple la réalité des populations indigènes et des femmes indigènes , ou la réalité  des populations de pêcheurs et des femmes pêcheuses à petite échelle);

- Des données fondamentales sur les ressources naturelles et la terres en fonction des besoins spécifiques des communautés (par exemple un diagramme sur l'accès et l'utilisation des ressources naturelles);

- Des données et documentation sur les efforts dirigés par des femmes et le rôle des femmes au sein des mouvements sociaux qui luttent pour faire avancer la terre, le logement et les ressources naturelles;

- Des données et des informations sur les projets corporatifs  et d’infrastructure qui affectent l’accès des peuples indigènes à la terre et aux ressources naturelles.

 

4) Quel genre de  soutien est-ce que les participants souhaiteraient-ils recevoir en matière de documentation et de suivi? À quels problèmes et défis pratiques sont-ils confrontés?  

La plupart des participants ont souligné le besoin d’avoir accès à des  ressources adéquates pour réaliser leur propre documentation et suivi. Ils ont exprimé en particulier  la nécessité  de recevoir un soutien technique pour créer et mettre  en pratique des méthodologies de documentation sur les domaines discutés ci-dessus, en particulier sur les problèmes de sécurité; et recevoir un soutien pour l'analyse des données. Ces ressources pourraient être offris en sorte de formations, de partenariats avec d'autres organisations membres ou des parties prenantes concernées et de soutien financier. 

 

Voici des exemples de documentation et de suivi menés par la communauté:

Asia Indigenous People’s Pact (AIPP), Thaïlande - Navigateur indigène

Il existe un retard en ce qui concerne l'accès des femmes indigènes à plusieurs domaines tels que l'éducation, la santé, les moyens de subsistance et  l'accès à la terre et aux ressources naturelles. Pour cette raison, l'AIPP et plusieurs autres partenaires ont développé un outil appelé Indigenous Navigator/ Navigateur Indigène, dans le but de  recueillir des données qui reflètent les réalités des femmes indigènes et les lacunes dans la mise en œuvre des politiques existantes.

Le navigateur indigène fournit un cadre solide pour évaluer la mise en œuvre des droits consacrés par la Déclaration des Nations Unies sur les droits humains des peuples indigènes et d'autres conventions sur les droits humains. Il permet de contrôler dans quelle mesure les Etats atteignent leurs obligations. Il couvre 13 questions différentes, y comprises des questions sur les savoirs traditionnels indigènes,  l'éducation, les moyens de subsistance, etc. Ce cadre est ensuite contextualisé et localisé au niveau communautaire de plusieurs manières. Pendant une conversation avec les membres de la communauté, l'AIPP et ses partenaires priorisent les problèmes fondamentaux et adaptent les questions en conséquence. Les questions sont traduites dans les langues locales; et, les collecteurs de données sont des femmes et des jeunes de la communauté. Bien que cela nécessite un investissement important en temps et en ressources, ces étapes sont essentielles pour assurer l'appropriation communautaire des données.

Le modèle de l'AIPP est basé sur l'action communautaire et collective. Le navigateur indigènes en est actuellement à sa deuxième phase de pilotage; et, est utilisé dans 11 pays d'Asie.

Une fois les données collectées, l'AIPP les compile et les analyse afin de montrer les progrès et les lacunes des États dans l'accomplissement de leurs obligations légales. Cette analyse constitue la base du plaidoyer et du lobbying auprès d'un certain nombre de parties prenantes, incluant les gouvernements locaux et nationaux et les organismes internationaux. Les résultats ont été très utiles pour la conception d'interventions systématiques autour de questions stratégiques telles que l'éducation, et pour présenter aux décideurs politiques des preuves solides qui reflètent les réalités des femmes indigènes. La validité des données a parfois été mise en doute, par exemple lors de discussions avec les décideurs de politiques.. L'AIPP a repondu a ce défis en invitant les parties prenantes à visiter les communautés qui ont participé à la collecte de données pour vérifier les résultats directement sur le terrain.

Pour plus d'informations sur le navigateur indigène, veuillez consulter: http://nav.indigenousnavigator.com/index.php/en/

 

Forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement (APWLD), Thaïlande - Recherche-action participative féministe

Au cours des dernières années, APWLD a mené des projets de recherche-action participative féministes pour appuyer  la construction et l'organisation de mouvements. Le FPAR est un cadre fondé sur la recherche et la documentation qui est dirigé et exécuté par les communautés afin d’accomplir leurs propres objectifs. Les méthodologies utilisées sont souvent basées sur la narration, la cartographie participative, les dessins et d'autres techniques qui visent à inclure des femmes d'horizons différents; et, articulent une vision et des stratégies communes pour ce qu'elles souhaitent réaliser. Les chercheurs appartiennent à la communauté où la recherche a lieu, et le processus est conçu pour renforcer leurs capacités et leurs opportunités de plaidoyer, avec le soutien d'un mentor et du personnel de l’'APWLD.

Plus d'informations sur les projets FPAR de l’ APWLD ici: https://apwld.org/our-programmes/

 

United Sisterhood Alliance, Cambodge, Recherche-action participative avec des travailleurs du secteur des vêtements - Plus d'informations ici: https://www.escr-net.org/news/2020/interview-channsita-mark-workers-information-center-cambodia

Groupe(s) de Travail :